Wwoofing n°6 à Mundijong (WA) : au milieu des chèvres

Quittant la communauté Pinakarri après 1 semaine, j’arrivais le 29 juillet dans un nouveau wwoofing, le 3ème depuis Bali et le 6ème depuis mon arrivée en Australie ! Initialement, j’avais prévu d’y rester deux semaines et d’aller ensuite chercher un boulot en ville sur Perth (le besoin d’argent commençant vraiment à se faire ressentir depuis mon retour de Bali), mais mon séjour durera finalement presque un mois ! Je finis même par y revenir pour quelques jours avant de monter dans le nord sur Derby, où je me trouve pour le moment ! Un peu comme si j’avais trouvé un pied à terre :).

Dès les premiers contacts par emails et téléphone, j’avais cette impression que j’allais me plaire dans ce wwoofing. Et il est vrai qu’à force d’en cumuler, on arrive un peu à sonder l’ambiance avant même d’être sur place. J’avais pas tort, ce wwoofing là aura été un des meilleurs souvenirs de mes expériences wwoofing. Les hôtes (Michelle, Reno et leurs deux enfants Cory et Cony) étaient juste simples, naturels, pas le moindre du monde prise de tête, bon blagueurs comme peuvent l’être les australiens :), pleins de vie, bon vivant… Bref le courant passait juste comme il faut entre nous et le fait d’avoir la même vision de la vie ou des problèmes de société favorisait les discussions pendant les pauses cafés (si nombreuses qu’au final, j’avais pas vraiment l’impression de travailler tellement les discussions se prolongeaient à l’infini :)). C’est dans ces moments là que tu vois aussi la richesse d’un wwoofing et de ces rencontres inouïes et que je voyais la chance que j’avais de vivre cette aventure au bout du monde !

Me sentant accueillie comme jamais je ne l’avais encore été, faisant partie intégrante de la famille, ce que je n’avais encore jamais eu auparavant comme sensation dans un wwoofing ; je ne suis partie que parce que j’avais vraiment besoin d’un travail payé et aussi pour ne pas trop m’imposer.

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DSC03094 : sorte d’ibis présent un peu partout à cette époque de l’année dans le sud qui te bouffe tous les vers de terre, ce qui a pas trop tendance à plaire aux farmers australiens

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: j’adore ce petit mot devant l’enclos des chiens 🙂

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= mon petit chez moi  (ne sautez pas de vos bonds concernant le côte camping, j’aimais vraiment bien cette petite caravane, un petit peu comme ma maison temporaire, en plus j’avais mon petit chauffage pour les nuits (car on était en plein hiver rappelons-le et il pouvait faire jusque 3°, ce qui est pas beaucoup pour l’Australie) 🙂

DSC03097 = les perroquets te « purifiant » le sol, comme les ibis

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= légumes du jardin genre tous les jours au menu 🙂 ça a du bon d’habiter à la campagne !

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= mandariniers et citronniers dans le jardin : encore une fois avec les perroquets, tu vois bien que t’es pas en Belgique ! 🙂

IMG_1737 = de l’aloé véra direct dans le jardin qui donne juste envie de fabriquer des produits beauté 🙂

Ce wwoofing fut aussi avant tout la découverte d’un autre monde : celui du monde des chèvres 🙂

Mais d’abord j’ai envie de situer un peu tout le monde, histoire d’avoir une vision plus concrète sur mon séjour là bas 🙂
Les parents ayant donné cette éducation où il faut se bouger et travailler pour gagner de l’argent, toute la famille est en fin de compte très travailleuse : le père Reno (d’origine italienne :)) travaille dans la construction pour Perth et sa périphérie (il a notamment participé à la construction du centre des expositions, de certaines prisons, hôpitaux…) ; Cony, la fille âgée de 18 ans n’ayant jamais été très scolaire est coiffeuse (en apprentissage depuis ses 16 ans) ; Cory, le fils âgé lui de 20 ans, lui aussi pas scolaire le moins du monde est mécanicien (en apprentissage depuis ses 15 ans) et est bien évidemment passionné fou de voitures (du genre à acheter des épaves et à passer son temps libre à les retaper, décorant le jardin avec ses carcasses de voitures 🙂 rendant sa mère folle lol). Michelle, la mère un peu trop passionnée par les animaux a choisi de se reconvertir dans l’élevage de chèvres après avoir travaillé durant des années dans le monde hippique pour dresser des chevaux. Gérant parallèlement une pension pour chevaux accueillant jusque 6 chevaux en pension chez elle (elle même ayant 3 chevaux – ce qui fait qu’elle a en général une dizaine de chevaux à s’occuper), elle élève ses chèvres dans un esprit d’élevage naturel (de même pour les chevaux lorsqu’elle est amenée à en dresser certains). Ses chèvres étant toutes des chèvres laitières (même distinction que chez les vaches : vaches laitières ou à viande), elle revend le lait à des particuliers (n’ayant pas de licence, les coûts étant juste énormes pour un particulier) et confectionne des crèmes, des savons et des fromages (fêta ou à pâte dure 🙂 = oui 🙂 aussi une raison pourquoi j’ai autant aimé ce wwoofing ! :), le fromage de chèvre étant genre juste introuvable en magasin ici en Australie ou juste dégueulasse quand on le trouve), tous bien bios ! Vous l’aurez compris, j’étais là pour le côté «chèvre» du wwoofing :).

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= deux des trois boucs : celui de gauche étant un british alpine, celui de droite un anglo-nubian / euh mieux fallait pas les toucher, sinon t’avais l’odeur bien forte de chèvre « scotché » sur tes vêtements et qui part pas de la journée

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= suite à une botte de foin de très très mauvaise qualité (un peu trop de mauvaises herbes en gros…), une des chèvres s’est pris un épis dans un œil, impossible à faire ressortir, on a du appeler le véto et elle est restée une petite semaine aveugle d’un oeil devenu vert. Fort heureusement elle a bien récupérée. Bilan : une botte de foin à peine acheter qu’on a fini par brûler : 60$ dans le vent et les coûts de véto : 200$ ! tout ça parce que le magasin du coin n’avait pas été super honnête quand à la qualité.

Il y a plusieurs espèces de chèvres : saanens, british alpine, anglo-nubians, toggenburgs. Seules les 3 premières étaient présente sur la ferme.
Certains éleveurs ne vont pas hésiter à croiser des espèces de façon à avoir du sang neuf et à éviter tout problème de consanguinité alors que d’autres sont tout à fait contre. Ici certaines étaient croisées, ce qui se voit à leur couleur : (les anglo-nubians, généralement dans les tons marrons et ayant des grandes oreilles pendantes, un peu comme celle des lapins, les british alpines elles sont blanches et noirs et ont des petites oreilles ; les saanens elles sont blanches)

IMG_1396 = ici, mélange

IMG_1631 = petite scène de fou rire, quand Michelle se rendant compte que finalement une de ses chèvres n’étant pas en couche, va chercher le bouc pour texto « I let them do it here » : en gros la chèvre s’est juste fait violée alors qu’elle avait rien demandé lol 🙂 et va calmer ton bouc excité comme une puce après et surtout le faire rentrer dans son enclos (parce que bien évidemment tu les laisses pas ensemble, sinon ils sont non-stops avec ces demoiselles).

Pour vous laisser un petit topo sur la situation des chèvres en Australie : Introduite en 1788 par des colons comme source de viande et de lait notamment, la production de chèvres est aujourd’hui continuellement en hausse, ces dernières ayant fini par s’adapter aux rudes conditions climatiques de l’Australie.

A ce jour, l’Australie reste le plus grand exportateur au monde de chèvres à viande («goat meat» en anglais). Pour un petit exemple, on estime à un export de plus de 500 chèvres rien que pour le State du Victoria (région de Melbourne) pour l’année 2012, la majorité d’entre elles destinées à la Malaisie.
Les prix varie entre 500 AUS $ (350€)  et 800 AUS $ ((560€) pour une femelle et peuvent atteindre jusqu’à 1000 AUS$ (700€) pour un bouc. Et la demande dépasse largement l’offre : marchè en pleine expension.

Comme beaucoup d’australiens, Michelle et Reno essayent d’être autonome en cultivant eux même leurs légumes via le potager (aubergines, tomates, piments, haricots, brocoli, salades, céleri, betterave, pommes de terres) et élevant parallèlement aussi des poules pour les œufs, même si la production d’œufs était un peu au ralenti quand j’étais là : du genre 1 à 2 oeufs par jour :). Bon y’avait aussi un but avec les poules, les noires que l’on voit sur la photo ci-dessous étant très rare en Australie, spécialement en Western Australia, elles sont très demandées. L’idée était donc là aussi d’avoir un élevage.

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= photo de droite : on a d’ailleurs fini par leur couper les ailes, vu qu’elles étaient juste connes, volant pour aller sur le toit et ne redescend plus par après !

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= arrivée de petits qui avaient été la première tournée de l’incubateur (on réutilisait les oeufs pondus pour les incuber par la suite

Et à côté des chèvres, des boucs, des chevaux et des poules, on avait aussi un poney shetland (euh aucun but en soit) et deux veaux acheté par coup de folie par Michelle car et elle le sait, elle n’a pas vraiment la place :). L’objectif étant d’avoir une vache reproductrice et une autre à finir sur le barbecue…

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Des animaux qui se sentent aussi juste invités :

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Les conditions climatiques : extrêmement chaud durant l’été (au dessus des 40 degrés) et froid et humide (voir très pluvieux durant l’hiver – je portais des bottes de pluie la deuxième fois où je suis venue, tellement la pluie avait transformé le sol en gadoue), il leur est impossible d’élever en plus des canards ou des lapins au grand regret de Michelle et Reno. Mais dans le projet de déménager dans le sud, vers Denmark dans quelques années, histoire de partir plus en campagne (la banlieue de Perth s’étendant de plus en plus avec notamment la construction d’une autoroute) et d’avoir un plus grand terrain, de reconstruire une maison, cette idée d’élevage de canards et de lapins est juste mise de côté. (Notons qu’ils avaient déjà élever des lapins avant de construire cette maison, le sol étant moins «vaseux» que là désormais où ils habitaient).

Un peu relax comme wwoofing niveau des heures et le fait qu’il y avait des pauses cafés à rallonge, le jour passait juste à une allure folle. Alors mon quotidien ressemblait plus ou moins à ça : prête vers 9h/9h30, pause vers 12h30/13h et arrêt vers 16h30 avec entre temps genre 3/4 pauses.

Avec autant d’animaux sur la propriété, on passait la plupart du temps à s’occuper d’eux, déjà rien qu’à les nourrir : matin et soir pour les chevaux et les chèvres/boucs.
Un savant mélange pour tous. Celui des chevaux plutôt variable suivant les demandes des propriétaires (ou simplement s’ils ont payé ou non) mais en gros ça ressemblait à ça :
bouffe chevaux

Et on nourrissait les veaux au « biberon ». Le lait (2 litres par veaux) fourni par la voisine passait 8 min au micro-onde et était transversé dans des biberons home-made.

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Vu que le temps était très bénéfique au travail extérieur, j’en ai profité pour leur
-poncer et repeindre toutes les clôtures des enclos des chevaux,

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-construire une plaine de jeux/escalade avec des chutes de bois pour les futurs cabris qui devaient naître en août,

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-planter une future forêt avec des arbustes piqués sur le bord de route qui au final sera baptisé « Elodie’s forest », Reno ayant bricolé le petit signe en bois 🙂

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– construit une double « étale » pour traire les chèvres : facilitant la traite

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– découvert le processus de la fabrication de savon

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et pleins d’autres multitude de petits autres bricolages comme repeindre des petits bancs, ou encore replacer des arbres fruitiers, désherber, ratisser les feuilles mortes, arranger le potager, décharger les livraisons de granulés et autres des animaux, aller chercher du foin… on avait toujours un truc à faire

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IMG_1735 : avant/après

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On passa aussi une journée jusque Cunderdin à plus de 2h de route pour aller voir un autre élevage de chèvre et partager une après-midi entre éleveurs de chèvres 🙂 un autre monde 🙂 on discute de cabris, de boucs, de problème au sein de la « Dairy Goat Society of WA« , de l’un ou l’autre article dans le magazine « The Australian Goat World » (ouep y’a bien un magazine bon mensuelle mais y’en a un, en même temps j’avais aussi un peu hallucinée en voyant un mensuelle sur les producteurs de bananes : preuve en image : ici)

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ou encore à parler machines 🙂

 

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= découverte de l’alpaca 🙂 utilisé comme gardien de nuit !

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= cabri et agneau qui étaient juste trop craquants

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Vous l’aurez compris ambiance bon enfant, rien à comparer avec les horaires que je faisais lors de mon premier wwoofing (voir article). Reno rentrant de son boulot vers les 4h30/5h, ça sonnait la fin de nos activités pour Michelle et moi. Si on était dans le timing 🙂 on était en train de nourrir les bêtes. Et comme toujours dans les wwoofings, enfin presque toujours 🙂 j’avais le droit à des bons petits plats, dont de nombreux barbecues (le plat national !), voir même à des pâtes faites maisons : divin !!!
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7 Commentaires

  1. Hey atta attaaaaa moi qui essaie de te tracer à la loupe LOL à travers ton voyage fabuleux de l’autre côté de la planète, dans l’article sur PINAKARRI, tu disais que tu y étais restée une petite semaine (12 au 17 juin) et là tu commences l’articles en disant qu’en quittant PINAKARRI, tu étais arrivé le 29 juillet dans un nouveau Wooffing ! Tu avais fait quoi entre-temps ???
    Tu ne nous cacherais pas quelque chose coquine? 😉 hihi je te taquine! Mais c’est vrai que ça m’intéresse =D

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    • haha bien noté ma petite zaffi : alors après le 17 juin, je suis allée dans mon wwoofing avec les chèvres que j’ai quitté genre après 3 semaines puis j’ai passé 3 semaines dans une colocation à Perth pour essayer de chercher du boulot (j’ai travaillé dans un restaurant indien by the way à Perth) et en fait avant de partir pour Derby, je suis repartie dans ce wwoofing avec les chèvres où je m’étais super plu (29 juillet) jusqu’au 1er août 🙂

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  2. Purée tous ces animaux choupiiii dis ! l’Alpaca est trop BEAU diiiis!!!! et les cabri, agneaux, veaux, le poney Shetland ooooh dis (j’ai pété de rire quand t’as écrit – « euh aucun but en soi » hahaha)

    Mais quand je pense à tous tes « wooffings » – tout ce que tu as appris sur la vie des fermiers, des agriculteurs, des éleveurs, c’est juste incroyable!
    Nous, citadins, on n’a tellement plus notion de l’origine de nos aliments, ni du monde de l’agriculture, c’est à rendre dingue!
    ça me fait penser que dernièrement j’ai été voir au Theâtre National « Nourrir l’humanité, c’est un métier » (un extrait ici : https://www.youtube.com/watch?v=OjFSyisdS0w#t=16)
    et c’était fou à quel point je me suis rendue compte que je ne connaissais PAS DU TOUT ce monde – ils disaient qu’il ne restait que 2% d’agriculteurs en Belgique (!!) et que le métier était tellement ingrat (ils doivent payer eux-mêmes leurs quotas une fortune – ce que je ne savais pas!! – et restent endettés toute leur vie + la pénibilité du travail + les obligations administratives + la nourriture bon marché dans les supermarchés qui font une concurrence déloyale, etc.) que les enfants d’agriculteurs ne voulaient plus reprendre les exploitations de leurs parents, donc que dans une génération, il ne resterait peut-être pas d’agriculteurs en Belgique !, fou hein? …
    Enfin tout ça pour dire que c’est génial que toi, de ton côté, t’aies pu avoir un vrai « in-depth look » dans ce monde… Je t’admire vraiment beaucoup !! Je t’attends alors pour ouvrir une ferme ici en Belgique 😉

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    • euh j’aime bien le wwoofing mais j’aime bien retrouver un peu de ville après 🙂
      merci pour le lien dit et oui c’est clair, la vie des paysans d’aujourd’hui est très ingrate et injuste face aux positions des grosses multinationales et des réglements…. je l’ai d’ailleurs vu avec les chèvres : chaque naissance est noté avec la descendance, pour savoir quelle est le croisement du petit plus vu que l’australie est hyper grande, et que les states ont des législations différentes, tu peux pas faire venir un bouc ou une chèvre du NSW en WA (western australia) comme ça….

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  3. En fait le problème est mieux expliqué dans cette petite vidéo sur ce spectacle-documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=njk34p04pJA (au cas où ça t’intéresserait ou intéresserait un de tes lecteurs ^^)

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    • ah elle est mieux cette video et c’est vrai que cet écart est de plus en plus grand, je le vois rien qu’ici aussi avec les grandes villes et les petits villages, et c’est vrai que inconsciemment on va dans les grandes surfaces mais on devrait refaire les marchés, rien que ça par exemple ça changerait un peu

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  4. Pingback: Wwoofing n°7 à Yandina (Queensland) : sous une pluie de mangues | colombefreiontheroad

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