Comme le temps passe vite : 5 ans que j’étais partie et me revoilà dans mon continent d’origine. Enfin presque vu que je suis non pas sur le continent à proprement parlé mais sur une île, en Écosse pour être plus précise. Il y a 5 ans, j’ai tout quitté de ma vie à Bruxelles, appart, amis, famille : je me rappelle de ce jour comme si c’était hier et pourtant c’était il y a 5 ans…
On me demande toujours d’où je viens, et je sais jamais quoi répondre, c’est actuellement toujours la question la plus difficile à répondre pour moi personnellement. Déjà je ne viens pas d’un pays à proprement parlé mais plus de deux. De plus mon accent oui me trahit quelque fois même si plus autant qu’il y a des années. Dernièrement après quelques verres, on m’a dit que j’avais un petit accent australien quand je parlais anglais. Comme quoi 2 années en Australie ça laisse bien des traces J’ADORE ! Généralement si je parle allemand avant de reparler en anglais, on me dit aussi que j’ai un accent allemand. N’oublions pas aussi les nombreuses fois où à peine j’ouvre la bouche, qu’on me dit que je suis française. Oh cette fameuse fois, où j’avais juste dit le chiffre « twelve » à la caisse du café à l’aéroport de Nadi aux Îles Fidji et où directement bam catalogué française – sérieux dans twelve, t’arrives à entendre l’accent français ? Si je raconte quelques chose en français avec enthousiaste, allez savoir pourquoi c’est l’accent belge qui se ramène au galop. Et après moins d’un mois, me voilà que selon certains je choppe déjà quelques intonations écossaises lorsque je parle anglais. Ça promet 😉 = Je suis une caméléonne
5 ans c’est long et pas long. En 5 ans il s’en passe des choses, que ce soit dans la vie de ses amis ou dans sa vie à soi, des bonnes et des moins bonnes. On apprend à devoir faire avec mais c’est toujours dur le retour « aux sources ». Certains gens ne sont plus là et ces absences deviennent soudainement beaucoup plus réelles. On est aussi plus la même en soi, les amis non plus, eux aussi ont construit leurs vies, ont évolué. Le choc culturel à l’inverse existe aussi. Ce n’est pas si simple qu’il en est de croire de retourner « chez soi », car ce « chez soi » n’est plus vraiment « chez soi » et qu’on le perçoit vraiment désormais en mode direct sans décalage. On a beau avoir gardé contacts avec beaucoup de personnes (même si clairement un tri naturel s’effectue avec la distance et la durée), ce n’est plus la même vie pour chacun de nous. C’est bizarre de l’admettre mais quand on voyage, c’est comme si inconsciemment, on s’imagine que la vie va être « en pause » à son « chez soi » et quelque fois on s’imagine pas aussi devoir faire face à la perte réelle de certains amis 😁 la distance n’étant plus là, on finit par arrêter de se voiler la face et c’est comme si il y avait aussi ce sentiment d’être revenue mais dans un endroit sans attaches 😓😔
5 ans comme ça à voyager, à habiter dans des pays lointains c’est bien beau mais loin des personnes qu’on chérit, ça creuse des écarts, invisible les premiers temps mais bien visible à son retour. Il y a bien bel et bien un décalage entre nos vies, nos visions de la vie en général aussi surtout. Mais n’allez pas lire ce que je n’ai pas dit. L’amitié est toujours là (normalement) mais elle a changé en général.
Au jour d’aujourd’hui les personnes avec lesquelles je peux échanger ces réflexions se comptent sur les doigts d’une main… Comment expliquer son quotidien quand on est en Inde, à quelqu’un qui est en Europe et qui ne voyage pas : tout le monde vous le dira, c’est juste impossible. L’inde se vit ! D’un côté, cette réalité est tellement difficile à décrire qu’on préfère juste demander comment va la personne avec laquelle on discute. // Comment expliquer ma stupéfaction quand je vois quelqu’un utiliser des LITRES d’eau pour une simple vaisselle alors que l’eau n’est même pas courante au Népal ou que les paysans face à la sécheresse ne font la vaisselle que tous les 2/3 jours dans les terres australiennes ? // Presque 3 ans en Asie, et même si ça fait un mois que je suis revenue en Europe, j’arrive toujours pas à m’habituer à rentrer chez moi avec les chaussures, ça me surprend toujours de voir aucune chaussures sur le palier ! Des flash-backs apparaissent au moins une fois par jour et pourtant impossible de les partager réellement, car ces personnes que l’on croise dans notre nouvelle vie sont pour la majeure partie sédentaires depuis toujours et ne les ont pas vécus et pour éviter de trop les gaver, on reste silencieux à sourire comme une conne (ou avec des œils grands ouverts dépendant la situation).
Plus on part longtemps, plus le décalage est énorme. Une amie m’a dit récemment une fois qu’on part plus de 6 mois, c’est déjà trop pour les relations restées au pays et t’en discutes avec n’importe quelle personne partie pour quelques années en vadrouille, on sera (ok 99%) tous du même avis. Plus le temps passe, plus revenir est dur et plus le fossé nous séparant de nos proches se creuse.
Nos destinations, notre durée de voyage/d’expatriation, nos rencontres font que nous nous nous transformons à bien des égards et les seules personnes qui nous comprennent vraiment sont celles qui l’ont vécue également.
Comment vivre en mode sédentaire ; même si oui ça fait du bien de se poser ; alors que pendant des mois la seule habitude qu’on avait était de défaire son sac en arrivant dans un nouveau lieu, de s’habituer à apprendre quelques mots dans la langue locale, de partir chaque jour découvrir un endroit à voir du pays ? Le sac se range dans un coin de son nouveau petit nid douillet avec un petit pincement au cœur, l’envie de partir reste là car ça c’est désormais « tatoué » dans notre sang. Nous devenons sédentaire mais restons vagabond dans l’âme rêvant du jour où nous repartirons.
Le bon côté des choses, c’est que tu es « chez toi » partout dans le monde grâce à ta faculté d’adaptation après avoir voyagé autant ! Positivons !
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qu’il est beau ce commentaire , ce n’est pas la langue de bois , c’est la vie .Je ne le voyais pas comme cela mais je me suis rendus compte de ça il y a deux ans environs . Oui c’est parfois troublant c’est changements mais que du bonheur d’avoir vècus et decouvert tellement d’endroits dans le monde , comme tu le dit si bien ce n’est pas racontable
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