Le temps passe et le fait de travailler à plein temps (faut bien redevenir un petit écureuil pour mieux repartir sur la route :)) ne me donne plus guère trop de temps d’écrire donc excusez-moi d’avance d’écrire comme toujours en décalé.
Concernant mes amis népalais : au jour d’aujourd’hui plus d’un mois après le terrible tremblement de terre qui les aura frappé, ils gardent le moral même si dans les villages ils habitent toujours sous des tentes ou abris de fortune. L’école a repris avec les moyens de bord mais comme toujours avec même le ciel qui leur tombe sur la tête, ils restent positifs et continuent à prier 🙂 Mon appel au don pour une de mes amis Laxmi (via http://www.gofundme.com/laxmi-family-nepal aura permis de récolter plus de 1000€, rien que par des dons de proches et de la famille). Une de mes autres amis népalaises Padma a organisé un appel au don de plus grande ampleur : les dons n’aideront pas seulement une famille mais tout un village http://www.gofundme.com/padma ). La majorité des népalais ayant survécu au tremblement habite encore dans des tentes, l’eau potable est moins accessible qu’avant, il n’est pas trop tard d’aider :))
Comme mon précédent article parlait plus du système éducationnel au Népal, cette fois-ci je voulais vous emmener au cœur même de l’école dans lequel j’ai pu travaillé un petit peu en tant que professeur.
Je n’avais juste pas envie de me donner une limite dans le temps parce que je sais que plus on passe de temps avec des locaux, plus on découvre au mieux la culture locale. J’avais prévu de rester 2 semaines dans cette école (sur une base d’échange : je fais des heures de travail contre le gîte et le couvert – je me refuse à payer une association pour faire du volontariat) et de partir ensuite dans une autre école pour 1 mois. Et ce fut une des nombreuses leçons apprises sur place : ne jamais rien trop prévoir en avance, car on ne sait jamais ce qui peut arriver sur le chemin… Au final, j’aurais fait quasi l’inverse : 3 semaines dans celle-ci et moins de 2 semaines dans la deuxième. Les contacts par écrit ayant beau être beaux pour la deuxième école, ça n’a rien eu à voir avec la réalité (voir l’article sur Bharatpur que je n’ai pas encore écrit :)).
Après coup, je suis contente d’avoir prolongé mon expérience à Raniban (un quartier de Kathmandu – même si ce nom est très commun et que l’on trouve un quartier du même nom par exemple à Pohkara). J’aurais fait pas mal de choses en 3 mois au Népal mais cette expérience restera un des meilleurs souvenirs aussi, tout simplement à cause de la chaleur humaine des enfants et parce que c’est surtout grâce à cette expérience que j’aurai appris le plus sur la culture népalaise, les mœurs et les coutumes de ce pays dont je suis tombée amoureuse.
Parlons bien, parlons de mon retour sur mon expérience 🙂
Logée dans une famille népalaise, j’avais le droit au gîte et au couvert (sans pour autant avoir l’eau chaude, du PQ, et du chauffage) contre des heures dans une école. La famille habitant à côté du directeur de l’école.
J’étais arrivée direct de l’aéroport la veille que je commençais direct le lendemain à 10h. Pas d’organisation quand à ma présence au sein de l’école, seule le directeur était au courant de mon arrivée : j’étais une volontaire, une « touriste » qui venait faire cours aux enfants, qui venait leur parler anglais. (*Tourist Elodie que j’ai vu une fois dans un cahier d’une élève ;)*) — Oui oui « leur parler anglais » avec mon accent français (ou allemand, car allez savoir pourquoi mais ça change suivant mes humeurs et mon état de fatigue et quelle langue j’ai parlé avant :)) et c’était mieux que rien pour eux, pour les mauvaises langues que j’entends commenter depuis l’Europe 😉
Je me rappelle que lorsque j’ai débarqué le premier jour, le directeur a d’abord attendu que tous les profs aillent dans leurs classes avant de m’emmené dans une des classes en me disant : « voilà ta classe, tu peux faire ce que tu veux ! » Plus perdue, tu meurs ! Je savais pas le niveau, l’âge… J’ai fini par improviser comme à chaque fois en début de cours dans une autre classe 🙂
Après coup, j’ai compris que je servais en fait à combler les absences des profs – nombreuses au Népal, car le boulot de prof est très mal payé – du coup, je n’avais jamais le même emploi du temps (sauf à la fin, car là 2 profs avaient « démissionné »). Mais au fond c’était pas plus mal, parce que j’étais assez libre quand aux contenus de mes cours. Je pouvais autant leur faire un petit cours d’anglais basique (juste je situe, on parle un peu l’anglais indien au Népal :)), ou un petit cours de division/multiplication au tous petits ou un petit cours d’origami…Et comme j’étais assez libre et qu’on me disait rien tant que je savais tenir ma classe*, je me permettais de faire cours dehors**
*savoir tenir sa classe ! hum quasi mission impossible car même si les petits népalais sont mignons au possible, ils sont juste comme des lions en cage. Et ça peut se comprendre, vu comment la plupart du temps, ils sont tenus à obéir sans objection à la maison où parfois même ils sont sujets à la violence d’un de leurs parents 😦 donc l’école est en gros synonyme de cours de récréation. Et si je n’ai pas parlé de violence à l’école dans mon article précédent, c’est juste parce que ça dépend des écoles et des professeurs, mais elle y est aussi ! Même si l’école peut signifier pour eux un souffle de liberté, le bâton et les coups sont toujours présents au sein des écoles népalaises. J’ai de mes propres yeux vu le directeur parler comme une merde, frapper contre le mur un élève qui a fini en pleure, qui n’osait plus parler et qui reculait à chaque fois que le directeur venait vers lui tellement il avait été traumatisé…. Et face à cette violence du corps professoral, personne ne bouche car au Népal, le professeur/le directeur est respecté et on a surtout pas envie de perdre son boulot ! Les élèves respectent leurs parents et leurs professeurs… Mais s’ils respectent leurs professeurs, c’est soit parce que le prof est bon et qu’il sait maîtrisé sa classe, soit parce qu’il est violent…
Alors qu’en France, il y a des années, le prof nous mettait au coin ou nous taper avec une règle sur les doigts, au Népal, le prof menace avec un bâton, tire les oreilles des enfants ou le force à se baisser et se relever à l’extérieur de la classe avec les mains derrière la tête : et ces punitions ne sont pas d’hier mais d’aujourd’hui (quoi que je me demande comment c’est maintenant suite au traumatisme des tremblements de terre et à la destruction massive des bâtiments et maisons !)
**enfin des fois, c’était aussi surtout pour éviter l’odeur des toilettes situé juste à côté et qui n’avait pas de portes…
Quand t’arrives dans une école d’un pays tel que le Népal, j’entends par là, un des pays les moins développés au monde, où l’éducation reste un privilège (car oui dans les campagnes reculées, on a besoin des enfants pour le travail dans les champs/les rizières…) voir mon précédent article sur le système scolaire au Népal, tu sais pas trop à quoi t’attendre. Comment sera l’école, comment sera la méthode d’enseignement utilisé, comment seront les enfants en classe ? Mais rien ne te prépare à la vestuté des classes et des moyens et aussi au manque de matériel autant au niveau de l’école elle même que des élèves
-l’école elle-même et encore j’étais en ville – dans les campagnes, c’est encore pire !!! – était basique de chez basique. Des murs de bétons sans même de peinture ou très peu ; des tables et des chaises comme on avait en France dans les vieilles écoles dans les années 90 ou même avant ; pas de portes aux classes, pas de fenêtres, des toilettes à la turque (toujours sans PQ), des marqueurs pour les profs à recharger à l’ancienne tous les matins
l’école vu depuis la cour intérieure :
les classes de l’extérieur : oui sans portes et sans fenêtres
le couloir pour rentrer dans 3 classes de dehors (qui se trouvent derrière les classes de la photo ci-dessus)
au fond à droite un mur servant de pissoir (officieusement mais personne ne dit rien contre non plus) – je vous dis donc pas l’odeur dans la classe qui bien sûr comme dans les autres n’a pas de porte ou de fenêtres
les toilettes : la chasse d’eau ne marche pas et y’a pas de PQ et la couleur est très attirante… bref le secret : on ne boit pas quand on est à l’école… comme ça on va pas aux toilettes 🙂
La journée commence toujours par l’hymne national ainsi que l’hymne de l’école chanté par tous les élèves placés en rangs suivi d’une petite séance de gym (version très courte)
Quand elle finit, les plus petits attendent bien sagement leurs parents :
Photos prises durant les cours 🙂
le vendredi après-midi, quand c’est pas sport, c’est atelier poterie avec la terre de la cour et y’a pas à dire tant les filles que les garçons s’éclatent : preuve en image 🙂
le travail en équipe dans la classe des tout petits 🙂 trop chou
dans les niveaux plus hauts, ils sont moins dissipés et avides de curiosité sur nos pays : pourquoi on mange des grenouilles… 😉 je me souviens leur avoir dit que nous mangions des escargots et des cuisses de grenouilles en france et tous les matins, ils me redemandaient si c’était vrai… 🙂
de petites classes mais comme ce sont les plus grands, ils sont très sérieux et veulent avoir des bonnes notes donc rien à leur dire question bruits 🙂 et en plus ils sont juste trop mignons 🙂
ci dessous = à fond sur un exercice de maths (soustraction) en général, je les faisais un peu travailler et ensuite c’était cours d’origami 🙂 ou de dessin pour les plus petits
et question vestuté : certaines classes n’ont même pas de bureau donc on écrit par terre : déjà on a la chance d’être à l’école alors le fait d’écrire par terre, y’a personne qui réchigne : je vous le dis faudrait faire un échange scolaire avec nos établissements des Zep françaises…`
Au népal, rien que d’avoir un cahier sur quoi écrire et des stylos, tu t’estimes chanceux… Quand ils n’ont pas de crayons de couleurs, ils partagent avec leurs copains de classe ou me demandent s’ils peuvent aller dans l’autre classe demander à un de leur amis les crayons (ou le compas ou la gomme…)
Au Népal, t’as pas de cantines ou de restaurants scolaires. Deux solutions existent : soit t’emmènes ton propre lunch, soit tu payes le matin ton lunch préparé le midi par la didi de l’école (didi étant le surnom affectif que l’on donne aux femmes plus âgées que toi- ici la grand-mère :)). Le prix du lunch variant d’un élève à un autre suivant les revenus de sa famille, suivant ce qu’il peut payer…
et donc on mange dans sa classe ou dehors et avec les doigts le plus souvent 🙂
biscuits et mandarines
des roti sans rien d’autre (sorte de galettes qui équivaut à notre pain)
des popcorns
des flocons d’avoine avec des fruits secs – sans lait !
chez les tous-petits, on travaille et on mange par terre = pas d’aspirateur au Népal, donc c’est juste avec un balai qu’on fait le ménage…
Comme j’étais pas payé, le directeur m’offrait le lunch 😉 et autant vous dire que c’était un pure délice à chaque fois 🙂
en plus comme on est profs, on passe devant les élèves 🙂 un peu le sentiment d’être une hôtesse de l’air au moment de passer les security check-up dans les aéroports !
*on passe devant les élèves ? bah oui la cantine est en faite dans le couloir donc on double les élèves juste en montant les marches 🙂 mais ça passe niquel car les élèves ont juste le sourire jusqu’aux oreilles d’être en récréation 🙂
Rolàlà, j’écris des mois après et rien qu’en regardant ces photos, j’ai l’eau à la bouche !!!!
Les momos : les meilleurs de chez meilleurs !
Du daal avec un roti 🙂 agrémenté d’oignons et de piments frais 😉
Bon arrêtons parce que là 🙂
Les récréations se passaient toujours dans la bonne humeur : les plus petits restaient au niveau de la cour où il y avait les balançoires et le toboggan et les plus grand jouaient dans la plus grande cours : badminton, foot….
et vu de l’étage : les travaux de chez le voisin : construction d’une maison / ce sont les femmes qui portent le ciment…
Après une semaine solo, Kira, une allemande en mode tour du monde m’a rejoint et ce fut beaucoup plus relax: certains jours, nous faisions les classes à deux, d’autres l’une se reposait pendant que l’autre donnait cours, certaines fois on faisait juste cours de photographie – les enfants népalais étant fascinés par les appareils numériques : c’est génial, tu fais une photo et tu la vois direct donc atelier fous rires, grimaces, singeries 🙂
Et parce que comme à chaque fois que tu t’y attends le moins, chanceuses au plus haut niveau, nous avions pile poil la semaine où l’école organisait une sortie au zoo pour les maternelles et un grand pique nique pour les plus grands
Excursion au zoo
notre bus 🙂 avec devant notre banderole pour que la police nous laisse tranquille sur la route au lieu de nous stopper pour nous demander ce qu’on fait avec autant de gamins dans le bus !
comme quand on fait un pique nique, à chaque fois, on apporte de quoi faire les plats principal mais comme cette fois là, c’était les tout petit, la femme du directeur aura juste tout cuisiné la veille, les allées du bus seront beaucoup moins remplies que lors du pique nique
3 par sièges et tout le monde rentre : à gauche le fils du directeur : UNE TERREUR !
et en cas de vomi : on leur avait remis à tous un petit sac plastique qu’ils ont tous eu en espèce de bavoir : heureusement qu’aucun n’a vomi parce que je suis sûr qu’il en aurait mis partout. Sur la photo de droite, notre deuxième didi de l’école : comme c’est elle qui faisait le ménage et qui s’occupait des maternelles quand ils vont aux toilettes, on l’appelle simplement didi. Fatiguée sur la photo, on aura partagé sourires et fous rires même si elle ne parlait pas anglais
Arrivées au zoo : on tombe des nues :
1/ on nous demande de payer l’entrée au zoo alors qu’on travaille autant comme un prof népalais (mais aux yeux des employés du zoo on reste blanches)
2/ la différence du prix entre népali et foreigner = 5 fois le prix d’une entrée normale qu’on doit payer = le début d’une longue série que pour les népalais (et indiens) est parfaitement logique et normale vu que selon eux on gagne plus d’argent…
on était venu pour être avec les petits donc on aura fini par payer : maigre consolation la femme du directeur nous aura au moins eu un rabais de 100 rp = nous payerons 400 roupies …. et vu l’état du zoo : no comment ! Et la condition des éléphants : utilisé sans relâche pour des « rides » : juste déplorable : les larmes nous sont venues aux yeux
premieres fois que je voyais un tigre du Bengale ou un rhinocéros à une corne.
les enfants plus fascinés par les balançoires et aires à jeu que par les animaux eux-mêmes
Notre pause déjeuner : le tout fait maison par la femme du directeur la veille
Pique nique
2 jours après, nous étions de nouveau dans le même bus, cette fois ci avec les plus grand de l’école
Objectif : parc de Thonkol où simplement TOUTES les écoles vont pique niquer !
ambiance de malade dans le bus : chanson népalaises + grignotage de chips, bonbons… (dès 9h du mat) : c’est journée de fête pour eux : le principe est de s’amuser
certains nous accompagneront même avec les instruments de musique locaux 🙂
et comme d’hab dès qu’on sort l’appareil photo : atelier ‘je pose’ 🙂
mais là c’était journée dans un parc, donc nous avons cuisiner sur place : du coup on a du se trimballer toutes les casseroles, les bombones de gaz… au népal, y’a pas de frigos, pas de sandwich, ici on cuisine tout ce qu’on mange donc quoi de plus naturel que de tout cuisiner surtout lorsque l’on fait une sortie scolaire ? 🙂
et alors pour descendre tous le matos : chaîne humaine et chacun participe autant les profs que les jeunes et y’a personne qui râle
et pendant que les femmes préparent les premiers snacks = un toast de confiture pour chacun comme pause de 10h, les hommes jouent aux foot avec les garçons
Quand arrive le déjeuner, c’est juste un festin royal 🙂 tout cuisiné sur place (l’école ayant embauché extra deux staffs supplémentaires donc un cuisto pour pouvoir tout préparer) et frais ! et bien sûr on mange avec ses doigts 😉
Pas d’usine de traitement des déchets, de poubelles ou de déchetteries, ici on brûle les poubelles ou c’est les chèvres qui les bouffent 🙂
Les plus jeunes passionnés des balançoires et toboggans au lieu du foot et badminton
La source du parc : source d’eau, d’eau potable aussi !
La traditionnelle photo de groupe avant de partir :
Mon retour en quelques mots sur mes 3 semaines passées dans cette école de la banlieue de Kathmandu :
-une expérience grandement enrichissante sur tout point de vue, tant au niveau humain que professionnel
-des fous rires comme jamais j’aurais eu avec les élèves
-de nouvelles amitiés
-une offre de boulot que j’ai refusé
-une volonté de découvrir encore plus sur la culture népalaise
-la découverte de la situation précaire des écoles népalaises, des salaires dérisoires du corps professoral…
-la découverte d’autre plat que le daal bhat que l’on mangeait matin et soir dans notre famille d’accueil.
Pingback: Workaway 2: Bharatpur/sud du Népal : école-internat | colombefrei on the road
Belle experience!!
J’aimeJ’aime
En effet 🙂 plus d’un an après j’en ai toujours des étoiles dans la tête 🙂
La meilleure façon de découvrir la vie des locaux et de la partager avec eux tout simplement et les enfants de l’école aie qu’ils étaient trop mignons (rien à voir aux singapouriens où l’argent coule à flot)
J’aimeJ’aime