Écrit sur le moment même (début décembre 2014) et complété aujourd’hui – la mise en forme avec les photos aura au final pris un peu plus de temps que prévu…
Depuis mon arrivée à Kathmandu, il y a une semaine, le peu d’échanges que j’aurai eu avec d’autres « touristes » aura été à l’aéroport avant la procédure de la demande de visa ou dans le quartier de Thamel, LE quartier où sont rassemblés 90% des touristes passant quelques jours à Kathmandu. Autant vous dire, que j’ai été dans le bain direct. Pas de transitions à travers quelques nuits d’hôtels, pas d’aides, pas de guides de survie, rien de tout cela si ce n’est que j’avais entre lu sur internet, que les toilettes locales au Népal étaient en gros des toilettes turques…
Histoire de pas être déçue, de garder une authenticité sans être influencée, je suis arrivée sans avoir lu grand chose sur le quotidien au Népal, du coup chaque jour, j’en apprends une tonne et je reste émerveillé face à cette culture qui me fascine de plus en plus (même si tout n’est pas rose notamment sur la condition des femmes, la société népalaise étant très patriarche !).
Mes expériences wwoofings en Australie m’auront donné le goût à aller directement auprès de locaux et à contourner la voie classique du tourisme. De part ce biais, j’ai pu apprendre beaucoup plus sur les australiens que je ne l’avais espéré. J’avais donc envie de renouveler l’expérience mais étant donné que le réseau wwoofing n’était pas très bien réputé au Népal, j’ai préféré passer par le système workaway.
Workaway fait partie des 3 grandes organisations basé sur l’échange travail contre hébergement/repas. On travaille entre 4 à 6h pour les locaux et on reçoit comme le réseau Helpx ou Wwoofing les repas et le logement en échange. Contrairement au wwoofing qui fournit un bouquin, workaway est un peu comme helpx, tout se fait via le site internet. De plus l’adhésion revient à 23€ pour 2 ans et couvre le monde entier contrairement au wwoofing et à helpx. Suivant les pays, les hôtes peuvent vous demander de payer $5 par jour – souvent le cas en Asie du sud-est. Site web
En contact avec quelques « hosts népalais » depuis mes derniers mois en Australie lorsque je travaillais encore à Derby, j’avais arrangé qu’on vienne me chercher directement à l’aéroport. (Petite surprise aussi, étant habituée aux Australiens qui sans problème pouvaient t’amener à l’aéroport ou en ville sans aucun retour attendu, ici on me demanda de payer le trajet – yep j’étais bien arrivée au Népal où j’étais désormais vue comme une « vache à lait » plus ou moins ). Passons sur ce détail. Ayant vu le bordel à la sortie de l’aéroport de Kathmandu avec tout ces taxis qui veulent te prendre un maximum, j’étais vraiment contente de pas devoir négocier direct à mon arrivée et que Durga, la hôtesse m’accueille avec une petite pancarte « Elodie-Australia »
Traversant Thamel, un des quartiers de Kathmandu se trouvant sur la route entre l’aéroport et Raniban – le temps de retirer quelques roupies népalaises, on se fraye un chemin dans le bordel immense qu’est la circulation de Kathmandu pour se diriger tant bien que mal vers le quartier de Raniban, situé dans la banlieue nord de Kathmandu.
La circulation à Kathmandu.
Hum, comment décrire cette pagaille ? Déjà les voitures, elles te donnent l’impression de revenir 30 ans en arrière en France : Peugeot 106, R5… Rajoutons aux voitures, les mini-bus, dans un état qui serait bon pour la casse en France + les nids de poules tous les 5 mètres + la conduite à l’asiatique : c’est déjà un bon début. Ici au Népal, la conduite se fait à gauche mais aussi à droite. Ben oui on double à gauche, à droite, on roule en gros là où c’est libre. On roule surtout aux coups de klaxons, servant à prévenir que l’on arrive de derrière et qu’il vaut mieux se mettre sur le côté pour éviter d’être renversé. J’ai manqué plusieurs fois de mourir ! mais à l’usure on finit par s’y habituer, limite on ferme les yeux 🙂 et au bout de quelques trajets, on ne les ferme même plus, on sourit jusqu’à rigoler avec le chauffeur 😉 Ah oui mais j’oubliais, voitures, mini-bus, nids de poules, mais aussi vélos, piétons, vaches, poules, chiens… les rues au Népal sont le territoire de tous. Puis se rajoute à ça à Kathmandu : la poussière qui est permanente car certaines routes ne sont pas goudronnées, donc on évite aussi souvent d’avoir les fenêtres ouvertes et on porte une écharpe histoire de se couvrir le nez et la bouche si ce n’est pas un masque lorsqu’on est un piéton. Les bagages étant souvent un peu trop grand pour le coffre minuscule de la voiture, il n’est pas rare de caler son sac sur le toit.
Pour la petite anecdote histoire, le Népal n’avait pas de voitures avant le début des années 40. Et c’est d’ailleurs Hitler qui offrit la première voiture (une Mercedes Benz) au début de la 2ème guerre mondiale (année 1939 ou 1940 suivant les sources) histoire de convaincre la dynastie Rana de ne pas envoyer ses troupes Gurkha (troupes indigènes de l’armée britannique – lien wiki sur les Gurkha / lien du site officiel anglais) dans le combat de la 2eme guerre mondiale. Voiture qui fut transportée par des porteurs depuis le sud du Népal/l’Inde.
Les premières voitures présentes au Népal furent amenées depuis l’Inde et à pied. Dhan Bahadur Gole, un des derniers porteurs (qui avait 20 en 1944 expliqua dans un interview, qu’il fallait 64 porteurs pour transporter une voiture (il était payé à l’époque à peine 25 roupies le mois mais ça lui a permit de construire sa maison). Lorsque l’autoroute Tribhuvan connectant Kathmandu avec la ville frontière indienne de Birgunj fut construite en 1956, les voitures commencèrent à apparaître de plus en plus dans la capitale.
Ma première expérience Workaway à Kathmandu
J’aurais passé au final 3 semaines chez Durga et ses enfants (une fille et un garçon) . Son mari travaillant dans la région du Teraï au sud du Népal (dans les environs de Chitwon), je ne l’ai au final jamais vu en 3 semaines. Ils vivent comme un couple divorcé penserait-on mais non, au Népal, il est courant que l’un parte loin pour gagner plus d’argent ou pour aller travailler en ville ou pour se rapprocher d’une école permettant à ses enfants de mieux apprendre l’anglais. Une de mes collègues de l’école est d’ailleurs partie au Japon en laissant son fils et son mari à Kathmandu…
Ma mission était d’aider à l’école du quartier mais je vous en dirai plus dans le prochain article.
Petit aperçu de l’intérieur :
la cuisine : sans frigo, sans four, sans appareils quelconque électroménager (trop de coupures électriques). On cuit tout au gaz, on lave à la main. Comme pas d’eau courante potable non plus, on stocke l’eau dans les bidons rouges et bleus que l’on voit à gauche sur la deuxième photo. On achète aussi juste assez pour ne pas avoir les légumes qui pourrissent trop vite.
Deux fois par jour (le matin avant d’aller à l’école et le soir en revenant), on avait le droit à un daal bhaat (daal = lentilles et bhaat = riz cuit) accompagné quelques fois de légumes cuits de manières différentes mais toujours avec du cumin, safran et curry. C’est aussi le plus souvent comment cela fonctionne pour les népalais. Ils en mangent un le matin, prennent quelques snacks à midi et en reprennent un le soir.
et ça c’était notre petit snack avant le dîner sur le retour de l’école : les fameux momos 😉 sorte de dumpling recouvert de sauce piquante.
= la salle de bain avec les toilettes turques intégrées 🙂 Douche au seau et chaude que si le panneau solaire marche et qu’ils ne l’ont pas bloqué aussi. Du coup cela aurait été douche froide pendant 3 semaines avec une température intérieure avoisinant les 6/10° une fois la nuit tombée. Pour rappel, je suis arrivée au Népal en plein début de l’hiver : mi-novembre…
Ah l’eau au Népal : ouille ouille un gros sujet aussi ! Dans certaines maisons, il n’y a pas d’eau courante, du coup on doit faire appel à des camions citernes pour remplir le tank d’eau.
= le salon qui est un peu la salle commune. Comparé à d’autres maisons qui ne se composent que d’une seule pièce, ici c’était un niveau de vie au-dessus. 2 chambres, un salon, une salle de bain et une cuisine. La télé était en permanence allumée et quand je dis en permanence, c’est sans exagéré. Du matin au soir sans problème. La seule pause que nous avions était lors des coupures d’électricité. On étaient toujours heureuses avec Kira, (une autre volontaire allemande qui est arrivée une semaine après moi) lorsqu’on revenait de l’école et qu’il y avait toujours la coupure d’électricité car après une journée d’école, de se taper les séries style bollywood, on finissait nos journées avec une tête pas possible.
Nous étions aussi perplexe quant à la place de la télévision dans la vie familiale. Si nous avions de l’électricité : tout le monde la regardait ; mais si hop d’un coup l’électricité était coupé (en général c’était soit coupé jusque 20/21h soit si on avait plus de chances, elle revenait plus tôt, vers 19h), alors on pouvait communiquer avec la famille, jouer aux cartes, parler de la culture népalaise et améliorer notre népalais.
Et comme beaucoup de népalais en ville, le potager se trouvait au milieu du quartier. Quand nous européens cherchent l’endroit le plus reculé de la route pour cultiver nos « produits bios », ici ils s’en foutent un peu. Le principal étant de s’en occuper.
Le potager est partagé entre 4 familles et les femmes (bien entendu aucun hommes ;)) l’arrosent à tour de rôle. Un peu quand chacune a le temps. Un peu comme un jardin d’une petite communauté même si à la fin chacun vit sa vie de son côté.
= ha le système des poubelles. Au début, tu restes perplexe quand aux coups de sifflets que tu entends depuis l’intérieur et puis après tu comprends le truc. Les sifflets préviennent l’arrivée du tracteur (oui du tracteur !) et tout le monde met ses petits sacs à sa porte. Ils repassent quelques fois 2 fois dans la même rue, donc pas de souci si on a raté le tracteur :).
Système local mais efficace, car ça évite que les environs soient recouverts de poubelles (même si honnêtement c’est déjà le cas). Par contre j’ai aussi vu en me perdant dans un autre quartier que l’on fouillait les poubelles, une fois le camion plein….
Le quartier de Raniban/Balaju en images :
= marchand de couverture. Tout les népalais ont ces couvertures et c’est fait sur place dans la boutique. On peut même choisir le tissu.
Les petits magasins de quartier, que l’on trouve partout. Nous avons chez nous de plus en plus de supermarchés qui profitent toujours aux familles les plus riches et ici en Asie, c’est toujours un petit bonheur d’aller acheter au petit magasin et de voir que le marchand nous reconnaît, nous offre un jus de fruit, prend le temps de discuter… 🙂
Trop bien ! Merci Elodie ! On a trop l’impression d’être avec toi, de vivre les sensations avec toi avec ce genre d’articles 🙂 !! Donc si je comprends bien après 3 semaines à aider une école de ce quartier Raniban/Balaju de Kathmandu dans le cadre de Workaway, tu es partie ensuite à Bharatpur ? Aussi dans le cadre d’un Workaway ? En tout cas, rien à faire, je t’admire trop … C’est incroyable tout ce que tu dois apporter à ces gens (et inversement) – Miss you ! Lots of Love !!!
J’aimeJ’aime
Merci à toi pour ces chaleureux commentaires 🙂
en effet, après j’ai passé quelques nuits dans un hôtel dans Thamel, le quartier touristique de Kathmandu histoire de retrouver un peu de confort, prendre une douche chaude (j’ai du prendre une nuit d’hôtel pour avoir une douche chaude* :)). Kira est alors partie en trek et je suis descendue de mon côté sur Bharatpur également dans le cadre d’un workaway oui.
gros bisous
J’aimeJ’aime