Alors alors requins baleines, me direz-vous, yeah c’est impressionnant, hallucinant, inimaginable comme sensation de pouvoir en observer en chair et en os devant ses yeux lorsqu’on est sous l’eau, de pouvoir nager avec eux…
mais à Oslob (où plus exactement à Tan-Awan, situé à 10km avant Oslob), où tout le monde se rend en masse, car c’est là qu’on a le plus de chance d’en voir, rien n’est plus naturel ! Nager avec des requins baleines y est devenu une pompe à fric et ce au détriment de la faune et pas que !
NAGER AVEC DES REQUINS BALEINES A OSLOB est un peu comme CARESSER UN TIGRE EN THAÏLANDE ou MONTER SUR UN ÉLÉPHANT. On réduit à l’état de marionnette l’animal pour assouvir le plaisir des touristes en quête de sensations fortes et ça me dérange ! Je n’aime tout simplement pas cette utilisation d’animaux sauvages au profit du tourisme. Touristes qui pour la plupart du temps ne passeront qu’une petite heure sur le site et ne verront rien de l’envers du décors.
Alors même si ces touristes sont une manne financière pour les locaux qui ont peine à survivre après les nombreux typhons dont sont victimes les Philippines plusieurs fois par an, mais aussi à cause de la surpêche, les locaux ayant vécu essentiellement de la pêche avant l’arrivée des touristes, aujourd’hui le tourisme en masse se rendant sur Oslob met en danger ces requins baleines et crée une disparité injustifiée entre les locaux.
Mesurant entre 2 et 9 mètres, les requins baleines sont considérés comme étant le plus gros poisson au monde. Inoffensifs, ils se nourrissent de planctons. Donc aucun danger de nager près d’eux.
Ce n’est que récemment, plus exactement depuis septembre 2011, suite à la parution d’une vidéo virale sur Internet montrant les requins baleines approchant les pêcheurs et leur bateau de très près, que les pêcheurs ayant compris qu’ils venaient quand ils les nourrissaient, se sont mis à les nourrir quotidiennement pour attirer le touriste. Ils demandaient alors 300 PHP à chaque touriste pour pouvoir se rapprocher des requins baleines et ça se faisait via les moyens du bord : les bateaux des pêcheurs.
Mais devant l’afflux du tourisme dans la bourgade de Tan-Awan (jusqu’à 1000 touristes par jour), le gouvernement local décide de s’en mêler car lui aussi veut sa part du gâteau. De nouveaux prix seront imposés à partir de janvier 2012. De 300 PHP par personne, il passera à 1000 PHP, ce qui équivaut à 20€ ! Plus de 3 fois le prix, ok ça reste dérisoire pour un salaire de touristes mais pour les recettes locales…. ! Et comme toujours petite différence entre touristes et locaux : 1000 PHP pour les touristes mais 500 PHP pour les philippins ! Mais bon une différence de prix entre touristes et locaux est très commun en Asie et ça reste une autre problématique, évitons de s’extrapoler.
Les prix de novembre 2014
Si on regarde depuis le bateau : 300 PHP pour les locaux, 500 PHP pour les touristes
Si on veut faire du masque tuba et nager au milieu des requins baleines : 500 PHP pour les locaux, 1000 pour les touristes
20 PHP pour la location des masques et tubas
Dans ces prix fixés par le gouvernement, 60% vont aux pêcheurs, 30% à la mairie d’Oslob et 10% à Tan-Awan. On dénombre en saison haute (décembre-janvier) entre 500 et 1000 visiteurs par JOUR ! Faites le calcul….
Mais où passent les 40% taxés par le gouvernement local ? Aucunes informations sur ce côté là… corruption ? Très certainement. De plus des tensions apparaissent au sein de la population locale de part la grande disparité entre les nouveaux salaires des pêcheurs dont leur tâche ne consiste qu’à amener les touristes à juste 50 mètres au large de la plage et à nourrir les requins baleines de bébés crevettes pour les garder sous les bateaux et qui gagnent désormais beaucoup beaucoup plus que par exemple le professeur de l’école du village (on estime le salaire moyen d’un philippin entre 50 et 110€ par mois (50 pour un professeur d’école dans un village). Or un pêcheur d’Oslob gagnera parfois plus de 20€ par JOUR, si ce n’est plus….
Autre réalité : alors qu’auparavant, les locaux vivaient essentiellement de la pêche et d’agriculture dans les montagnes, aujourd’hui, avec l’activité des « White Sharks », le coût de la vie locale a augmenté et ils doivent travailler plus dur pour s’en sortir (dixit le philippin avec qui je discutais sur place).
Pendant que mes 2 amis étaient au paradis nageant au milieu des requins baleines, j’en profita pour discuter avec un local, venu taper la discute, le tout en essayant de soutirer quelques informations sous forme de questions déguisées de joie d’en savoir plus sur ces requins baleines et appuyant sur l’argument qu’étant malade (ou bou diou, je crois qu’en 2 ans, depuis que j’ai quitté la Belgique, je ne m’étais pas sentie aussi mal), je manquais cette expérience « extraordinaire ». Discussion très intéressante autant sur le point de la situation des requins baleines que sur le mariage des femmes filipinos avec des occidentaux.
Alors déjà selon lui, c’est entre 300 et 500 touristes qui arriveraient chaque jour à Tan-Awan pour nager avec les requins baleines. 300/500 en semaine et plus de 1000 le week-end…
Concernant les requins baleines, on ne peut nager avec eux que le matin, ses arguments :
-d’abord on ne les nourrit pas, on leur donne juste un complément (oui, euh, enfin vu qu’ils savent très bien qu’on les nourrit en abondance, ils ne font plus trop l’effort de partir au large non plus !)
-ensuite on arrête à midi pour garder un œil sur leur régime alimentaire. Mot pour mot qu’il me dit : « to keep an eye on their diet »
-et aussi afin de leur donner une pause.
Quand je lui ai demandé si les requins restaient là toute l’année, il me répondra avec honnêteté que oui, mais que ces requins sont devenus locaux 🙂 parce qu’ils avaient grandi ici !
Mais toute la polémique reste là : les requins baleines sont un peuple migratoire ! or quand j’entends qu’ils ont grandi là, je ne peux m’empêcher de sourire ! Ils n’ont ainsi plus bougés d’Oslob depuis que les pêcheurs ont commencé à les nourrir quotidiennement avec des bébés crevettes alors que normalement ils font des kilomètres pour chercher du plancton. Aujourd’hui les rôles sont inversés et ce sont les pêcheurs qui doivent faire des kilomètres pour s’approvisionner en uyap (bébé crevettes), ce qui aura par conséquence d’augmenter le cours des uyap.
Alors y’a-t’il une alternative à Oslob pour ces fans de sensations extrêmes ?
Oui et non ! Il y a en fait deux sites, où l’on peut observer ces requin-baleines : Oslob et Donsol qui est en quelque sorte un site écotouristique où l’interaction avec les requin-baleines y est plus contrôlée et mieux organisée. Même si le nombre de touristes augmente également de plus en plus à Donsol – on comptait un peu plus de 25 000 visiteurs en 2011 pour moins de 900 en 2002 -on y voit moins de requins baleines et donc sur Internet, les voyageurs conseillent « de plutôt aller sur Oslob malgré la polémique »….
Donsol a l’avantage de bénéficier de l’aide et de l’expertise de WWF qui essaye au mieux de contrôler l’impact du tourisme sur cet espèce et d’éviter les erreurs d’Oslob. Quelques différences à noter :
-une limite du nombre de touriste est imposée à Donsol : pas plus de 30 bateaux de max 6 personnes par jour / à Onslob : illimité
-il est interdit de les nourrir sur le site de Donsol, alors qu’à Oslob, les pêcheurs les nourrissent en présence des touristes.
-c’est 10 minutes « d’interaction » avec les bêtes à Donsol contre 30 à Onslob
-interdiction de toucher ou de nourrir les animaux sur les deux sites (d’ailleurs des panneaux d’informations sont bien là pour rappeler les règles) mais les pêcheurs nourrissant les requins baleines dessus vos têtes sur le site d’Oslob, il est quasi systématique qu’un touriste touche le requin-baleine.
=panneau de recommandations aux touristes à l’entrée de Donsol / à peu près exactement le même à Oslob mais comme on dit tout est beau sur papier, non ?
Mais même à Donsol, l’opportunité de cette manne financière pour les locaux devient problématique. Car en ayant beau vouloir bien faire les choses, en essayant de protéger l’espèce animale ; le succès de l’écotourisme communautaire de Donsol commence à présenter ses limites. De plus en plus de touristes se rendent chaque année sur le site, mais l’apparition des requin-baleines se raréfie, du coup pour éviter que les touristes se rendent tous sur Oslob, on respecte de moins en moins les règles de sécurité. Autre problème majeur : les combats de coq, sport national aux Philippines et qui est un grand fléau ! Les pêcheurs formés comme capitaines de bateaux, membres d’équipage ou encore guide préfèrent jouer tout leur argent à ce « sport » que de l’épargner pour leur avenir ou pour leurs enfants. Le point communautaire de l’écotourisme de Donsol est donc également discutable !
UTILE :
Comment se rendre à Oslob depuis Cebu: il faut se rendre au « South Bus Terminal » qui se trouve derrière le shopping center « Elizabeth Mall ». Un ticket de bus dans un bus avec clim coûte environ 145 PHP, sans clim : moins cher.
Plus tôt vous partez, mieux c’est, car vous éviterez ainsi les bouchons et vous serez un des premiers sur place. De plus, il n’est possible de nager avec les requins baleines que le matin, donc si vous faites le calcul : 4h à 6h de bus de Cebu à Oslob… Le premier bus part de Cebu à 3h du matin.
Il faut par contre dire au chauffeur de vous arrêter à Tan-awan, qui se situe à environ 10km avant le centre d’Oslob (ça bien sûr si vous décidez de faire Cebu-Oslob-Cebu dans la journée). Mais en même temps, à peu près tous les touristes prenant ce bus (il y en a toutes les 30min/1h) vont faire du « Whale Shark Watching », donc le chauffeur finit juste par te regarder en te disant « whale shark ? »
Comment se rendre à Donsol depuis Cebu:
-Prendre le ferry de nuit de Cebu à Masbate (Mas bar tey) et ensuite un autre plus rapide de Masbate à Pilar se trouvant à côté de Donsol. De Pilar, prendre un jeepney et descendre au Municipal Hall pour environ 20 PHP
Compagnie du ferry de nuit : TransAsia. Opérationnel les Mercredi et Samedi. Coût d’un billet en cabine partagé 800 ou 1500 PHP en cabine privé. -Prendre un bus de Cebu à Legaspi et ensuite prendre un ferry jusque Samar, puis un bus direction Leyte-Prendre l’avion
Pingback: Farniente sur l’île de Malapascua | colombefreiontheroad
Oh ma belle !!! Qu’est-ce que t’avais eu que t’étais aussi malade ? ;/ ??? C’est pour ça aussi que tu n’avais pas réussi à aller jusqu’à la cascade de Tumalog (article précédent) ? Pauvre choupinette 😦 !
N’empêche, c’est comique, te lire ici rejoint trop le commentaire que je venais à l’instant de t’écrire sur les « combat de coq » dans ton autre article ! Et bien fait qu’ils y perdent tout leurs argents, na ! « Sport national » et puis quoi encore ?? Tuer un coq = « Every day crunch » tant qu’on y est ??? Laissons les animaux BIEN tranquilles bordel de merde !! Donc je te dis bravo pour ton article qui appelle à la vigilance 😉 !! Ma grande dame Elodie !!
J’aimeJ’aime
ouai exact. J’ai du chopé un truc et je sais pas vraiment quoi. Mais c’était bien la première fois que j’étais incapable d’avaler quoi que ce soit.
Exactement hein, les deux se rapprochent. Moi ça m’horrifie et j’ai pas pu participer à cette mascarade.
Every day crunch : haha. Non non quand même pas dit. Je crois que c’est pas aussi souvent mais bon je m’y connais pas trop non plus.
J’aimeJ’aime
Très bon article . Ce que je comprends pas c’est que vous dîtes que cela est mauvais pour l écosystème et la faune.c’est vrai mais que vous indiquiez comment s’y rendre.
N y allons pas.
J’aimeJ’aime
En effet peut-être contradictoire il est vrai, mais je pars du principe que l’on peut aller dans le coin (et voir d’autres magnifiques recoins de Cebu) sans pour autant participer à cette mascarade – d’avoir indiqué comment s’y rendre permet aux personnes qui veulent juger par eux-mêmes d’avoir les informations – mon regard critique reste mon avis personnel, rien de vaut d’y aller et de juger par soi-même : certaines personnes ne voient pas le mauvais côté de ce « tourisme surfait » et j’espère juste qu’à travers mon blog, en recherchant des informations sur le sujet, ils puissent tomber sur « la réalité de ce must »alors même qu’ils sont passionnés par la plongée et ce « phénomène de nager avec un requin baleine » > n’oublions pas aussi que cela fait vivre les locaux d’une certaine manière 😦 on peut le boycotter oui mais alors pourquoi pas aider ces locaux en même temps à trouver une autre source de revenu plus « saine »
J’aimeJ’aime
Très bon blog…
J’aimeJ’aime
Tres grand merci pour ce feeback 🙂 et merci des commentaires lors de votre passage
J’aimeJ’aime