Le compte à rebours a commencé ! C’est officiel : il ne me reste à peine 1 semaine en Australie en mode WHV (entendre par là Working Holiday Visa) !!! J’ai beau me dire que ça fait bien 2 ans que je suis Down Under, j’ai toujours cette impression d’être arrivée hier et pourtant j’ai bien intérêt à déguerpir du territoire avant le 16 sous peine d’être fichée dans leur files🙂 car ils rigolent pas ici, c’est un peu comme aux USA, si tu dépasses la date butoir, pour y revenir c’est pas franchement easy easy.
Partie avec un sac à dos de 70 litres (qui au final se révèle bien trop gros je l’admets), j’ai fini par alléger nettement le contenu de mon sac et appris à vivre avec peu 🙂 ce qui m’a donné une autre vision sur notre société de consommation et point positif : je passe plus 4h devant ma garde robe à choisir entre 10 tenues ! Sédentaire, j’avais tendance à accumuler (je suis un peu du genre à garder trop de trucs !) et du coup en ayant les mêmes affaires des mois durant, j’ai beaucoup plus raccommoder de vêtements que je l’aurais fait avant du temps de ma sédentarisation. Ma grand-mère peut être fière de moi : même si je suis toujours pas une experte en couture, j’ai plus d’expérience en la matière :).
A défaut de n’avoir pas listé ce que j’avais pris au départ, je ne peux vous donner un comparatif mais il est clair que j’ai allégé au niveau des vêtements notamment. J’ai du réinvestir dans des lunettes de soleil, le soleil australien tapant bien plus fort qu’en Europe. J’ai investi BEAUCOUP dans des crèmes solaires à indice 50. J’ai investi dans une tente, qui au final m’aura servi essentiellement en Tasmanie. J’ai investi dans des vêtements thermiques ainsi que dans des grosses chaussettes d’hiver qui m’auront vraiment bien servit.
Mais 2 ans passés à vadrouiller en Australie qui a lui seul constitue un continent (on met l’Europe sur le territoire Australien juste pour vous rappeler la grandeur de l’Australie), ça donne quoi alors en résumé ?
-des rencontres extraordinaires dont certaines se sont révélées être des gros piliers durant cette expérience et sans qui je n’aurais pas vécu tout ce que j’ai pu vivre.
-plus de 35 000 kms parcourus en bus, en voiture, en avion, en kayak, en voilier aussi et surtout mais aussi à pied (notamment à travers ma semaine de trek en Tasmanie)
-plus de 70 GB de photos et vidéos à trier (yeah, ça va être bien fun de faire mon album photo ;)) – ça m’apprendra à pas les trier au fur et à mesure tiens !
-une autre vision de la vie avec surtout cette espoir que non la vie n’est pas juste boulot, maison, dodo et qu’il y a tellement d’autre possibilités que de travailler dans un bureau
-une nouvelle manière de voyager, en mode donnant-donnant via le réseau wwoofing/helpx grâce auquel j’aurai vécu mes plus belles expériences australiennes, car c’était durant ces moments là que j’étais vraiment avec les locaux et non avec des voyageurs comme moi.
-la fierté d’avoir réalisé « l’OVERLAND TRACK », un trek de 100kms situé au cœur de la Tasmanie en complète autonomie pendant 7 jours. Le prochain de cette envergure sera en Nouvelle Zélande 🙂
-la découverte de la culture aborigène et surtout de l’envers du décors de ce pays que tout le monde pense être le paradis ainsi que l’histoire du pays avec aussi l’impact de la 2ème guerre mondiale (à travers notamment mon boulot à Derby, dans les Kimberleys, au nord ouest du pays)
-le bonheur de pouvoir admirer des koalas, des kangourous, des perroquets, des dauphins, des raies Manta, des ornithorynques en milieu sauvage
– mais aussi l’habitude de voir des blattes et des cafards à l’intérieur de certains habitats (même propres !) qui font que ça me fait au fond plus rien. En même temps, j’aurais tellement vu d’animaux, genre araignées venimeuses, serpents… qu’à côté tu relativises grave quand tu vois des cafards ou des blattes, ou même des mille-pattes qui pullulent en hiver dans le sud-ouest
-l’apparition ou la révélation d’une phobie : les sangsues et depuis j’adapte mes voyages en fonction de ça aussi 🙂 !
– 90 fois : c’est le nombre de fois que j’ai bougé avec mon sac à dos à changer de « pied à terre » : auberges de jeunesses, locaux via le réseau wwoofing, bed & breakfest, couchsurfing, colocations, aéroports, bus, huttes, tentes, fromagerie, roadhouse…
-une connaissance approfondie en, attention : potager, élevage de chèvres, moutons ou encore de vaches avec surtout ces petits détails comme comment castrer des veaux, tondre un mouton qui je suis sûre me serviront beaucoup dans le reste de ma vie 🙂
-la découverte du monde du rodéo et de cette vie de cowboys à l’australienne (soit dit en passant, les cowboys néo-zélandais ayant bien meilleur réputation que les australiens, la Nouvelle-Zélande reste belle et bien dans ma bucket list)
-des feux de camps en plein désert à y danser toute la nuit avec la musique à fond et personne pour nous dire de baisser le volume (un vrai bonheur comme on en connaît plus vraiment quand on habite en ville)
-la chance de pouvoir goûter du kangourou, du crocodile, du wallaby ou encore des huîtres ramassées à même la plage
-le bonheur de manger des fruits de la passion frais en abondance ou encore des mangues fraîches venant du jardin même
-le bonheur intense de pouvoir tenir entre mes bras un bébé kangourou
-la chance de vivre sans pluie pendant plus de 3 mois, et de connaître des températures extrêmement sèches allant jusque 46°c…
-l’habitude à avoir un confort minime.
Dormir en voiture ne me dérange en rien. Je me suis habituée aux douches publiques, à faire les courses en regardant à deux fois les prix (notamment sur les fruits et légumes) même si j’ai jamais vraiment fait attention parce que je m’en foutais de dépenser un peu plus pour bien/mieux manger.
-j’aurais aussi appris à faire les cafés selon les standards australiens et à défaut de pouvoir boire nos bonnes bières belges, j’ai accru ma connaissance en bière australienne qui sont pas si mauvaises que ça en fin de compte sinon s’y attarde un peu.
La liste pourrait être encore bien longue mais au final même si j’ai vécu autant de moments plus uniques les uns que les autres, j’ai aussi appris sur moi-même. Etant livrée à moi-même durant ces 2 années, le contact avec l’Europe étant peu facile à cause du décalage horaire et de la vie de chacun, j’ai appris à survivre à des moments douloureux face à moi-même, j’ai avancé seule dans une direction inconnue, j’ai pris des décisions m’affectant sur tout les plans.
Déçue, surprise, étonnée, on l’est toujours face à la transformation de nos amitiés quand on vit sur la route et sur du long terme. Les promesses disparaissent, on perçoit tout autrement désormais. . La distance, le décalage horaire et le temps qui passe, j’ai vu le contact s’estomper avec certains proches et d’autres contacts s’intensifier.
Si certaines amitiés disparaissent, d’autres apparaissent et quelques-unes restent intactes fort heureusement. Tu finis par l’accepter, car au fond après 2 ans sur la route, les contacts qui te restent fidèles se révèlent être ces amis sur qui tu peux compter. !
Chacun menant sa vie de son côté, les rapports changent et évoluent. On ne le voit pas venir ça, c’est le temps qui aide à faire le tri par lui-même mais ça fait partie du quotidien du voyageur.
Il y a des moments sur la route, où on est fatigué tout simplement de devoir refaire son sac à chaque fois, de cette absence de stabilité, de ces rencontres superficielles, de l’absence de ses proches, de ces proches qui partent sans que t’es pu leur dire adieu, de ces déceptions, de ces gens qui te font la morale parce que ta vie n’est pas « normale », parce que selon eux tu dois revenir à la « réalité », qui te demandant à chaque fois « quand est-ce que tu vas rentrer, quand est-ce que tu vas te poser, comment tu survis… « , mais même si il a ces moments, heureusement il a aussi les nouvelles rencontres : celles-là qui deviennent alors que tu ne l’aurais jamais imaginé de belles amitiés, les échanges avec les locaux qui t’apprennent des choses uniques, et surtout le fait de savoir, que ce que tu vis au fond, c’est unique. Ces choses là te redonnent le sourire, la pêche et le désir d’aller explorer le reste du monde, bref de continuer.
A la longue, on écoute plus vraiment ces « conseils » d’amis (?), car notre réalité à nous est devenue bien différente, notre perception de la vie, des gens aussi a changé à force aussi. On finit par ne plus y faire vraiment attention et on essaye de se mettre dans le monde de ces personnes pour imaginer leurs vies et s’intéresser plus à leurs vies qu’ils ne le font avec la nôtre car on comprend qu’au fond ils n’arrivent pas à suivre et qu’ils ne changeront pas d’avis sur notre mode de vie. Et c’est à ce moment où tu te rapproches plus avec des personnes ayant vécu/vivant la même expérience et qui comprennent par quoi tu traverses et que sans le vouloir inconsciemment tu te distancies avec des proches. C’est la réalité du voyage longue durée.
Mes deux dernières années m’auront appris à relativiser par rapport à certaines situations :
-j’ai appris à moins stresser, à moins m’en faire pour l’avenir. Je ne compte plus le nombre de fois où je ne savais pas où j’allais dormir le soir même, où je serai dans une semaine.
-j’ai appris à faire confiance à des inconnus.
-j’ai aussi appris à ne rien dire face par exemple à certaines personnes me disant qu’elles étaient crevées par leur semaine (38h en moyenne), alors que je venais de me taper pas moins de 50h (moyenne de 50/56h par semaine avec un record à 60h !) avec un seul jour de congé par semaine et à me lever à 5h du mat pour servir les petits dej… car au fond ça n’apporte rien de dire qu’on vient de se taper 50 ou 60h, les gens se sachant rien de ta routine, de ton boulot, des tes ennuis du quotidiens. — Les semaines de 35/38h, je sais même plus ce que ça veut dire d’ailleurs. Etant habituée au double, elles me semblent comme un mi-temps vu d’ici 🙂 !
Petite mise au point aussi car je ne cesse d’avoir cette question de comment je survis question argent et j’en ai un peu marre de voir que certains pensent que je suis juste en mode vacance depuis 2 ans et que genre c’est impossible parce qu’on a pas assez de sous pour pouvoir survivre si on quitte tout ! Pour clarifier déjà un point essentiel : si certains se payent le voyage avec l’argent du contribuable via les allocations chômage (ne déclarant pas qu’ils soient partis de France) ou via des aides de leurs parents (notamment les plus jeunes, ceux débarquant à 18 ans à peine), il n’en est rien pour moi. Alors oui j’ai plus cette vie boulot, appart et je suis sur la route, oui je n’ai plus d’adresse fixe, oui je donne cette impression que je suis peut être en vacance mais j’aurais au final passé la majorité de mon temps à travailler durant ces deux dernières années (15 mois en étant payé et 3 mois ½ en mode volontariat) donc vraiment, un, c’est possible de partir en ayant peu d’économies (car on peut toujours soit travailler contre monnaie trébuchante ou au final faire du volontariat) et deux, nop je n’ai pas été en mode vacances à explorer les plages australiennes :).
J’étais partie de Belgique pour changer ma vie, parce qu’après 2 burn-out en à peine 6 mois, il fallait que je change quelque chose si je ne voulais pas finir dépressive et même si j’ai pas fait le tour de l’Australie, qu’il me reste beaucoup à voir, j’ai pu cumuler des expériences et des rencontres uniques grâce à ce choix de vie. Ma vie a changé, j’ai changé aussi et à ceux qui me demandent si j’aimerais m’installer en Australie, je réponds par la négative, car après 2 ans, j’ai envie de voir autre chose, de nouveauté. J’ai été rassasié de l’Australie, j’ai travaillé en ferme à ramer dehors sous une canicule oppresante en faisant du « picking/packing/pruning« , eu des expériences bonnes et moins bonnes, fait face au racisme, vu le fléau de l’alcoolisme et de la drogue de près…
L’Australie n’est pas l’Eldorado aussi, comme on le présente sur nos écrans de télévision en Europe. Je tenais à le souligner encore une fois. Au fil des années, de plus en plus de jeunes débarquent sur le continent ainsi que de plus en plus d’asiatiques prêt à accepter n’importe quel salaire et passant après, on finit par avoir du mal à trouver un boulot avec un salaire décent. J’en discutais encore hier avec deux français que je servais au bar.
Je quitte l’Australie avec l’envie de revenir un jour mais je suis contente de pouvoir voir autre chose. J’ai ce sentiment que j’en ai fini pour le moment avec l’Australie. Je ne sais pas pour encore combien de temps je vais voyager comme ça sans but, mais cette première expérience m’aura juste donné envie d’en voir plus et aussi d’être plus avec des locaux dans mes voyages. Prochaine étape découverte de Bornéo entre amis et ensuite quelques semaines/mois suivant le feeling en Asie en commençant par le Népal. Je suis encore en Australie mais ma tête est déjà ailleurs à rêver de jungle, orang-outans, plats exotiques, langues étrangères….
Coucou Elo ! Pfiou déjà deux ans et effectivement quelle aventure incroyable et quelle femme forte et affirmée tu es devenue 🙂 dis ta phobie des sangsues ne vient pas de la fois où tu en avais chopé une dans un trekking ? J’ai le souvenir que tu avais eu une mauvaise expérience du genre non ? Je te souhaite plein de bonheur pour la suite de ta découverte du monde 🙂
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Merci miss 🙂 euh non j’ai pas eu de sangsues sur ma peau durant mon trek mais des dizaines un jour de pluie alors qu’on débutait une rando (c’était sur bruny Island) autant te dire que je suis vite sortie du bois 🙂
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Bravo madame, très bel article, j’ai vraiment apprécié le lire, j’aime beaucoup ta réflexion, et aussi je partage tes sentiments et impressions. Vivement te revoir!!!
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Très beau bilan ! Bisous
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je viens de lire ton bilan c’est formidable tu est devenus forte et tu vie une expérience fabuleuse, continue de nous faire vivre tes aventures a la découverte
du monde
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Comme dit Catherine, très beau bilan ! Hâte d’en savoir plus sur tes autres aventures !!! Fais attention à toi quand même, on aimerait bien te revoir !
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Oui, clairement, comme dit Alexandra, sois prudente quand même. On tient beaucoup à toi et on a hâte de te revoir….. Je suis très fière de toi, ma fille !
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