Sorry Day in Australia ou la situation complexe des Aborigènes en Australie

Qu’on ait enlevé des enfants aborigènes à leurs familles durant plus de 60 ans (début du 20ème siècle) (« Stolen Generation »), peu de gens en Europe le savent mais que aujourd’hui, le 26 mai, on célèbre ici, en Australie, la journée du pardon « Sorry day » en référence aux excuses officielles du Premier Ministre de l’époque Kevin Rudd datant de 2008, pour officiellement se souvenir du mauvais traitement fait aux Aborigènes et pour « commencer » le processus du pardon, je sais pas mais perso je trouve que c’est un peu énorme de faire de ce jour, un jour de célébration !

J’écris ce post à titre personnel, qui est très certainement aussi imprégné de ma propre expérience que ce soit dans les villes ou les campagnes australiennes, mais je trouvais qu’il y avait matière à partager.

D’abord si on revient sur la date des excuses officielles ! Il aura fallu attendre 2008 pour qu’un gouvernement australien s’excuse officiellement du traitement horrible que les Aborigènes ont subi pendant de nombreuses années.  2008, c’est comme si c’était hier et quand je lis qu’en 1999, le Premier Ministre d’alors, Howard annonçait qu’on ne pouvait pas s’excuser pour les gouvernements d’hier (voir article en anglais du 12/02/2008 du journal The Australians), je trouve ça juste incroyablement tard et lâche !

Saviez-vous aussi que les Aborigènes n’ont seulement eu le droit de vote en 1967 ? Alors qu’à l’origine, c’est quand même leur pays, non ?

De plus, depuis que je suis en Australie, et ne soyons pas hypocrites, pour ceux ayant voyagé un peu en dehors des villes, surtout dans le nord ou nord-ouest, j’espère que vous comprendrez de quoi je parle – je suis stupéfaite de vivre dans un pays où le racisme fait partie du quotidien. Alors certes, l’Australie est un magnifique pays et il est vrai que ses paysages font rêver mais c’est aussi un pays à double facette et c’est peut être aussi la raison principale pourquoi je me vois pas rester dans ce pays plus longtemps que mon visa actuel ne me l’accorde. D’un côté, nous avons cette belle image de l’Australie avec ses paysages à couper le souffle, ses australiens généreux, surfeurs, gentils, ses animaux extraordinaires présent à l’état sauvage comme les kangourous, les koalas, les crocodiles… ; et de l’autre on a ce racisme que l’on vit souvent au quotidien ou du moins au moins minium une fois durant son séjour en Australie. Alors je l’avoue je casse aujourd’hui un peu l’image de l’Australie telle que vous l’imaginez que je la vie, je pousse un peu un coup de gueule mais j’avais envie de partager ça.

J’ai eu l’occasion d’être allée et d’avoir séjourné dans des fermes reculées, où j’ai du faire face à des fermiers racistes de chez racistes, parlant des Aborigènes comme de la peste. Je me souviens aussi de ce cuisinier de Derby (qui par après avait été viré) m’ayant un jour demandé pourquoi j’allais à la piscine de la ville alors que nous avions une piscine dans l’hôtel et que ne comprenant pas sa question, il m’avait répondu que je pouvais attraper des maladies vu que des Aborigènes s’y baigner ! (Même sur un ton blagueur, j’accepte pas ces blagues racistes désolé). Ou encore les employés des pubs refoulant les aborigènes sur un ton agressif au pas possible, juste parce qu’ils sont « abo » et avec cette excuse qu’ils sont déjà assez bourré comme ça, de ces travailleurs en tenue jaune si caractéristique de l’Australie sirotant leur pinte de VB, parlant des « abo » comme on les surnomme ici, comme étant des plaies, des alcoolos, des feignants, des personnes violentes.. Et j’en ai entendu d’autres !!!

Alors voilà quand on entend la réputation que donne les australiens aux Aborigènes et qu’on vit autour d’eux et qu’on découvre de plus en plus l’envers du décors, on reste perplexe quant à ce racisme, quant à l’attitude des blancs/du gouvernement qui n’aurait pas lieu d’être. On dit des Aborigènes qu’ils sont alcoolos, qu’ils sont violent, qu’ils glandent toute la journée…. mais au fond qui est vrai responsable ? Alors qu’ils étaient un peuple nomade, loin des civilisations, sait-on jamais demandé si il y avait un bien fondé quand à « éduquer »/ »civiliser » les aborigènes.

On retrouve d’ailleurs une belle citation de James Cook dans les journaux de bord de ce dernier : « En réalité, ils sont bien plus heureux que nous les Européens…. Ils vivent dans la tranquillité qui n’est pas troublée par l’inégalité de la condition. La terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires pour vivre… Ils vivent dans un climat agréable et ont un air très sain… ils n’ont aucune abondance.« .

L’Histoire

Alors afin que vous voyez un peu la situation, je vous donne un petit résumé de l’histoire des Aborigènes, comme ça vous aurez une petite image de la situation :

Il y a plus de 300 ans, bien avant l’arrivée des premiers colons, on comptait plus de 300 000 Aborigènes. Quand Cook débarqua en Australie en 1788, il déclara la l’Australie comme inhabité. Et quand les premiers blancs installés en Australie, commencèrent à tuer les aborigènes venant sur « leurs terres », la police ne broncha pas, voir pire : participera aux meurtres….

Peuple nomade à l’origine (et ils en ont encore les jambes ultra fines, à tel point qu’on penserait qu’ils ont des bâtons à la place des jambes, c’est impressionnant), ils sont devenus sédentaires par la faute des blancs, qui les parquant dans des réserves, les traitaient d’esclaves. Les enfants métisses nés de viols des fermiers blancs sur les femmes aborigènes travaillant dans les réserves furent enlevés de force aux mères pour être amené dans des orphelinats, des pensionnats, des missions chrétiennes ou des familles d’accueil blanches afin d’être « civilisé » et de leur éviter « une éducation sauvage ». Ce sont ces enfants qui font partie de la « Stolen Generation ». Une génération volée rendue possible et officielle par une loi en 1869, qui devint dans les années 1930 un moyen d’accélérer la disparition de la population aborigène, car c’était en fin de compte bien le but, vu qu’ils n’étaient pas civilisés, qu’ils étaient trop sauvages, trop violents….

Si vous avez envie de lire une histoire vraie sur 3 soeurs s’échappant d’un de ces « camps » : c’est le livre qu’il vous faut : Rabbit Proof Fence de Doris Pilkington, publié en 1998. Si vous préférez voir l’histoire en version film : la version australienne de Noyce datant de 202 lien du film en anglais sur Imdtv / Fiche du film en français sur allocine

Le XIXème siècle sera remplie de massacres, que ce soit celui de Pinjarra (60 à 70 morts) ou encore celui de Myall Creek. On n’oubliera non plus pas le grand résistant aborigène de l’époque Pemulwuy, qui attaqua les colons blancs ayant commis des crimes restés impunis sur des aborigènes (bon résumé d’un site scolaire, bien évidamment en anglais !). ou encore les aborigènes employés comme « Black tracker » et payés misérablement, dont notamment Larry Kunamarra servant de « chasseurs d’aborgiènes » entre les deux Guerres Mondiales.

Voir un extrait de mon post sur l’histoire de Derby : petite explication pour le contexte de ce qu’était un Black Tracker:

Police Trackers/ Black trackers : une autre facette de «l’utilisation» des aborigènes (texte descriptif de ces «pisteurs» issus du musée) : Police depended on Aboriginal track who were called «police boys» to build huts, hunt, fish, find feed and water for horses, and to track and arrest prisoners. Trackers were also interpreters, providing wital information about the whereabouts and movements of Aboriginal people. Each policeman was paid an allowance to ration and clothe his tracker. In 1949 Sergeant King was paid 4 shilling per day for tracker Jack who was paid 5 shilling per week pocket money, with two sticks of tobacco and two meals of beef stew, tea and sugar per day. Police also rationed trackers’ wives and children. Life as a tracker meant tacking part in the best and worst of policing in the Kimberley. Long horse patrols could be visits to country using a gun to hunt for goanna or kangaroo, and honing bush skills to catch dangerous men or find lost people. But they could also involve clashes to repress Aboriginal resistance, arresting groups of frightened, sick people and removing childrens from their families.

Quelques dates clés et encore y’a bien plus :

1788 : James Cook débarque sur les terres australiennes qui est déclaré « terra nullius ».

1901 : les Aborigènes sont toujours exclus des recensements

1928 : massacre de Conniston durant près d’une année et décimant une tribu entière d’aborigènes

au lendemain de la WWII : mise en place d’une politique d’intégration des aborigènes dans la société blanche d’Australie

1962 : droit de vote fédéral accordé aux Aborigènes

1966 : grève réclamant l’égalité des salaires pour les Aborigènes / certains étaient toujours payé en nourritures ou en vêtements

1967 : suite à un référendum, les Aborigènes sont officiellement comptés dans le recensement

1971 : Neville Bonner est le premier indigène a avoir été élu membre du Parlement

1976 : signature de « l’Aboriginal Land Rights Act » dans le Territoire du Nord qui redonne aux aborigènes le droit de choisir la terre sur laquelle ils vivent (avec la politique d’intégration de l’après-guerre, beaucoup de tribus étaient regroupés dans les mêmes terres).  De plus ils peuvent désormais avec cette acte, réclamer des terres ayant appartenu à leur ancêtres. Les « freehold title » obtenus par les aborigènes leur permettront de négocier l’exploitation de leur sous-sol avec les compagnies minières. Et aujourd’hui ces bénéfices, ces royalties sont une des plus grosses sources de richesses de certains aborigènes, qui même avec ça, vivent toujours dans la simplicité.

26 janvier 1988 : bicentenaire de la colonie. Burnum Burnum, militant et acteur aborigène, alors en Angleterre plantera le drapeau aborigène en déclarant : « Moi, Burnum Burnum, noble de l’antique Australie, je prends ici possession de l’Angleterre au nom du peuple aborigène. En colonisant ce territoire, nous ne souhaitons pas vous faire de mal, peuple natif de l’Angleterre. Nous sommes venus pour vous apporter de bonnes manières, le raffinement et la possibilité d’un Koompartoo, d’un nouveau départ. Dorénavant, un visage aborigène apparaîtra sur vos pièces de monnaie et sur vos timbres pour signifier notre souveraineté sur ce domaine. Pour les plus intelligents d’entre vous, nous apportons la langue complexe des Pitjantjatjara; nous vous apprendrons comment trouver une relation spirituelle avec la terre, et comment trouver de la nourriture dans le bush. »

3 juin 1992 : après l’affaire Eddie Mabo qui aura duré 10 ans (il réclamait sur la base de l’Aboriginal Land Rights Act de 1976, les droits de son peuple, le peuple de l’île de Murray sur leurs terres), la Cour Suprême annulera le concept de « terra nullius » sur le continent australien. Cette décision est plus connue sous le nom de Mabo.

10 décembre 1992 : discours historique du Premier ministre de l’époque Paul Keating, dans le quartier historique de Sydney à majorité aborigène Redfern (pas un hasard d’ailleurs si John Pilger aura choisi ce quartier pour y projeter la première de son documentaire Utopia, voir plus loin), où il évoque pour la première fois officiellement les torts et les responsabilité des blancs colonisateurs : « Le point de départ serait peut-être de reconnaître que le problème débute avec nous, les Australiens non-aborigènes. Cela commence, je crois, avec un acte de reconnaissance. Reconnaître que c’est nous qui avons dépossédé les Aborigènes. Nous avons pris leurs terres traditionnelles et brisé leur mode de vie traditionnel. Nous avons apporté les désastres. L’alcool. Nous avons commis les meurtres. Nous avons enlevé leurs enfants à leurs mères. Nous avons pratiqué la discriminationet l’exclusion. C’était notre ignorance, et nos préjugés. Et notre incapacité à imaginer être les victimes de ces choses-là. A quelques nobles exceptions près, nous n’avons pas été capables de réagir de manière tout simplement humaine, et de nous projeter dans leurs cœurs et dans leurs esprits. Nous n’avons pas été capables de nous demander : Comment me sentirais-je si quelqu’un me faisait ces choses-là ? »

1999 : John Howard fait voter la motion de réconciliation, admettant que le sort subi par les aborigènes est le chapitre le plus sombre dans l’histoire de l’Australie

2000 : Jeux Olympiques de Sydney, dont la flamme est allumée par Cathy Freeman, athlète aborigène qui déclara un jour dans un entretien : « Je suis en colère parce que le gouvernement refuse de reconnaître avoir mal agi envers les générations d’enfants volés. Je ne saurai jamais qui était mon grand-père et qui était mon arrière-grand-mère. Ma grand-mère ne connaissait pas sa date de naissance, aussi nous ne savions même pas quel âge elle avait quand elle est morte ». (Daily Telegraph 16 July 2000)

2008 : demande de pardon officiel par le Premier ministre Kevin Rudd : video 

2013 : Jeffrey Lee refuse l’offre d’Areva (on parle de 5 millions de $) voulant extraire l’uranium de sa terre et fait intégrer son territoire, le territoire de Koongarra au parc national du Kakadu. « I’m not interested in money. I’ve got a job. I can buy tucker; I can go fishing and hunting. That’s all that matters to me »

Le sort des Aborigènes en Tasmanie

L’histoire de la Tasmanie, vous la connaissez ? Découverte en 1642 par Abel Tasman, naviguateur néerlandais, elle est notamment connue pour Port Arthur, qui se trouve au sud de l’île qui servit de bagne pour les récidivistes à la fin du XIXème siècle, mais aussi pour son lourd passé.

Face au manque de femmes pour les colons, les femmes aborigènes furent violées. Les enfants furent torturés, traités en esclave. On se servait des aborigènes comme cibles de tir au fusil. Et quand en 1826, les Aborigènes commencèrent à se rebeller et qu’on dénombra plus de 200 attaques contre les communautés blanches en 1828, une loi martiale fut voté pour rendre légale le meurtre des aborigènes jusqu’alors interdit. De 4000 à 7000 à l’arrivée des blancs, il ne resta en 1835 plus que 350 aborigènes en Tasmanie environ. Ces derniers furent « parqués » sur l’île de Flinders, au nord de la Tasmanie où ils moururent jusqu’à la dernière Truganini qui mouru en 1878. (lien Wiki).

Une citation d’un colon dans un journal local de Launceston, ville du nord de la Tasmanie, datant de 1831: « Nous sommes en guerre contre eux : ils nous considèrent comme des ennemis – des envahisseurs ; ils considèrent que nous les opprimons et que nous les persécutons ; ils résistent à notre invasion. Ils n’ont jamais été vaincus, et donc ils ne sont pas des sujets en rébellion, mais une nation injuriée, et ils défendent, à leur manière, les possessions qui sont les leurs de droit et qui leur ont été arrachées par la force.« 

Alice Springs

On parle de Alice Springs comme un miroir de la situation dégradante des Aborigènes d’aujourd’hui. Je n’ai pas encore eu la chance d’y aller et de voir de mes propres yeux mais ce que j’ai vu dans le Western Australia que ce soit au sud de Perth ou dans le nord à Derby dans les Kimberleys m’aura donné assez d’impressions pour faire mon propre avis sur la situation.

Saviez-vous que sur les $25 de droit d’entrée au National Park d’Uluru, seuls 4 à 5$ sont reversés à la communauté aborigène, alors que le parc national d’Uluru relève de la propriété aux Aborigènes ? Et qu’un accord datant de 1985 accordait un droit d’exploitation de 99 ans entre les propriétaires du parc les Aborigènes et le service des parcs nationaux australiens, le « National Parks and Wildlife agency » ? Que le rocher, sacré pour les Aborigènes ne peut s’escalader, car il représenterait une des formes du monde crée par les êtres du Temps du rêve, le thème central de la culture aborigène, car pour eux ce sont les êtres du Temps du rêve qui ont crée le monde, l’Australie et surtout tout ce qui nous entoure, que ce soit la faune ou la flore.

Faits:

Le dernier recensement de 2011 estime que les 670 000 Aborigènes représentent 3% de la population australienne et que les territoires aborigènes représentent 10% du territoire australien.

aboriginal-flag
Les symboles du drapeau aborigène : le noir représente le peuple, le rouge la terre et le jaune, le soleil. Il apparaît en 1971.

Alors quand je les vois,

-titubant sous l’effet de l’alcool,

-errant dans les rues sous une canicule dépassant les 40°,

-utilisant des poussettes pour transporter des cartons de bières,

-restant assis toute la journée devant les supermarchés une bouteille à la main,

-cachant des packs de bières sous les plantes des bordures de parcs pour éviter les flics tout en suivant les ombres des arbres pour se protéger des arbres (car oui, les flics arrivent dans les parcs, et les fouillent sans respect pour vérifier s’ils ont de l’alcool)

-cherchant à papoter avec ceux qui veuillent bien daigner ne pas les regarder de haut,

j’ai de la peine pour eux, car c’est nous, les colons blancs qui les avons rendu alcooliques, qui les avons mis dans des « communautés » qui sont un peu comme des ghettos et du mépris pour cette politique de réconciliation qui n’est qu’une vitrine.

Je me dis que le gouvernement australien a encore bien du chemin à faire et que de célébrer tous les 26 mai le « Sorry » officiel du gouvernement est une misère comparé à ce qu’il reste à faire pour réparer le mal des colons sur ce peuple si mal aimé. Et c’est la même critique concernant la fête nationale australienne : « Australia Day », célébrée le 26 janvier et qui célèbre l’arrivée de la première flotte des colons le long de la côte est australienne en 1788. Pourquoi d’un coté célébrer le fait que l’on s’excuse du traitement que l’on a fait subir aux aborigènes et de l’autre célébébrer l’invasion de l’Australie par les colons ? là est toute la complexité de ce pays…

Les Australiens s’en sont excusés en 2008, certes c’est un pas en avant mais il reste encore tant à faire pour enlever ce racisme qui perdure en Australie. Quand on voit ces aborigènes souffrir du fléau de l’alcool acheté avec l’argent que le gouvernement leur verse pour les aider (et là aussi grosse hypocrisie de l’État australien, que de réguler la vente d’alcools dans certaines régions, voir plus bas…) et surtout se faire « escroquer » leurs terres (parce que c’est le mot, oui !) pour seule raison que le sol de leur terre est riche, je me demande si réellement les australiens habitant dans ces banlieues à l’américaine, où les maisons sont biens sous tout rapport, si ils sont conscient de ce qu’il se passe dans ce pays. On nous vend l’image d’une culture aborigène à travers les tableaux, les didgeridoos…  comme étant une culture australienne, mais il serait intéressant de savoir combien revient réellement aux communautés aborigènes de ces ventes, sachant que souvent ces oeuvres sont achetées une misère et revendues une fortune dans les grandes villes comme Sydney ou Melbourne.

Entrer dans une communauté aborigène ? Si vous ne faites pas partie de ces touristes voyeurs voulant photographier des mises en scènes crées de toutes pièces, oubliez tout simplement.

Vous saviez que les communautés aborigènes étaient régies par le gouvernement et qu’il fallait un permis spécial pour pouvoir y rentrer ? La police ne les délivre que sous quelques conditions : soit on est membre d’une tribu aborigène, soit on a un projet professionnel à long terme qui est agrée par le gouvernement, soit on est invités (et là encore comment être invités, s’ils ne sortent pas des communautés) ou on fait partie d’une mission catholique/évangélique… ! Quand on entend pas l’excuse : « comment réagirez-vous si quelqu’un pénétrait chez vous sans que vous ne l’ayez invité « . Mais pardon pourquoi doit-on demander une autorisation officielle au gouvernement australien pour pouvoir se rendre dans des communautés aborigènes ? et à côté payer un droit de visite touristique pour aller voir « qui sont vraiment les aborigènes, ces indiens d’Australie » ? On les laisse entre eux, dans de belles prisons dorées (et encore ça reste à voir, car certaines communautés n’ont même pas d’eau courante) avec une belle pension, office de « RSA ». Mais ne pêchant plus et ne chassant encore moins, ils en sont réduits à devoir rester dans des communautés et à aller en ville et à utiliser les services de la ville pour se nourrir…

La vente d’alcools en Australie

Vous savez maintenant que les « abo » sont ici vu comme des personnes alcooliques, violentes, alors qu’a trouvé le gouvernement pour faire face à la violence des Aborigènes. Ayant décrété que c’était l’alcool, la source du problème, la vente d’alcool a été régulé dans tout le pays et à un degré plus important pour les régions à risque où l’on compte de nombreuses communautés aborigènes car bien évidemment « ils n’ont pas ça dans le sens, c’est pourquoi ils ne supportent pas aussi bien l’alcool que nous » ! Dans le Western Australia, ainsi que dans le Northern Territory, nous avons des zones dites « sèches »/ « dry ». Il s’agit de villes ou de lieux, là où la concentration d’Aborigènes est la plus forte, et où officiellement il est interdit d’acheter et de consommer de l’alcool mais là encore discrimination car notamment dans le nord près de Kakadu, on a des récis de touristes ayant pu sans problèmes acheter de l’alcool  !

La vente d’alcools dans le milieu horeco/de la restauration étant également réglementé, nous devons pour avoir le droit de vendre/service de l’alcool passer un RSA : « Responsible Service of Alcohol » et là pareil, sur l’explication de pourquoi il y a des « dry and restricted areas », c’est juste choquant de voir comment l’État se justifie

Extrait : (copyright http://www.hia.edu.au)

Many non-indigenous people alcohol has been part of their cultural ancestry for decades if not hundreds of years and consequently they have built up a resistance to alcohol. In comparison, alcohol has only recently been part of Indigenous cultures.

-Managers are encouraged to respect culturally significant days in respect to the sale of alcohol in Indigenous communities. Appropriate advice from councils and or community justice groups is provided to instruct managers to close canteens, taverns and take away facilities on significant cultural days. In some cases the requirement to close on significant days is a condition of a licence, In other cases it is left to the discretion of the manager.

Car ah oui j’oubliais si et je l’ai vécu à Derby, il y a un enterrement d’une personne appartenant à une communauté aborigène, la vente d’alcool est tout simplement interdite le jour même de l’enterrement mais aussi la veille pour éviter « tout accidents ».

-la fabrication d’alcools maison (un des fermiers chez qui j’avais fait du wwoofing faisait son propre scotch, donc ça doit sûrement pas être si compliqué que ça si on a le matos) est passible d’amendes:

The maximum penalty for possession of homemade alcohol in communities with a zero carriage limit is:
500 penalty units (currently $37,500) for a first offence. 700 penalty units (currently $52,500) or 6 months imprisonment for a second offence. 1000 penalty units (currently $75,000) or 18 months imprisonment for a third or later offence.

-Alice Springs has certain measures to help reduce alcohol-related harm. These rules apply to everyone in Alice Springs.

-Travelling in Aboriginal Lands? Alcohol must not be: • Brought into; • Possessed; or • Consumed within a General Restricted Area without a Permit Penalties including fines and vehicle seizure may apply. Bona fide travellers may take alcohol through a general restricted area, provided the container is unopened and the alcohol is not given away, sold or consumer whilst in the restricted area.

Car oui j’oubliais aussi : à Derby, dès que quelqu’un rentrait dans le bottle shop pour acheter plus de 2 packs de bières (on parle de ceux comprenant plus de 30 canettes), on leur faisait signer une autorisation et c’est là où tu es supposé connaître les communautés où il est interdit d’apporter de l’alcools….

Au final, je ne peux m’empêcher de comparer le passé des Aborigènes avec celui des Indiens du Canada ou des noirs des USA et de me demander, si un jour les Aborigènes ne seront plus pris pour des cons par les blancs… et d’être d’accord avec John Pilger et sa théorie d’apartheid australien. Je ne sais pas si avant la fin de mon visa j’aurai l’occasion de monter dans le nord, parce que voulant voyager un peu plus longtemps, je dois travailler mais c’est sûr que mon expérience à Derby, m’aura permis de voir une autre facette de l’Australie que cette Australie touristique.

Si vous voulez en savoir un peu plus :

Utopia, documentaire réalisé par John Pilger, sur la place des aborigènes en Australie : attention en anglais sans sous-titre

Les dessous des cartes/ARTE : Australie et migrations 1/2 : lien video

Site de l’anniversaire de la célébration du « Sorry day » : lien

Site du département des affaires aborigènes de l’Australie Occidentale : lien

Article sur l’image de Carole Freeman lors des JO de 2000 : lien

Article sur l’utilité ou non d’une compensation aux Aborigènes des « Stolen generation » avec graphiques, citations… : lien

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